LIGUE DES CHAMPIONSShatkhtar - PSG: Mais d’où viennent tous ces Brésiliens du club ukrainien?

Shatkhtar - PSG: Mais d’où viennent tous ces (bons) Brésiliens du club ukrainien?

LIGUE DES CHAMPIONSLe club de Donetsk a mis en place, depuis plus de dix ans, un véritable projet tourné vers les joueurs brésiliens...
Nicolas Camus, à Lviv (Ukraine)

Nicolas Camus, à Lviv (Ukraine)

De notre envoyé spécial à Lviv (Ukraine),

Elle fait le bonheur du Shakhtar Donetsk depuis dix ans maintenant. Car si le club ukrainien a conquis une coupe de l’UEFA et glané huit titres de champion national pendant cette période, c’est en grande partie grâce à elle. Elle ? C’est la joyeuse colonie des Brésiliens réunie par le riche président Rinat Akhmetov pour faire danser les défenses d’Ukraine et d’ailleurs.

Depuis l’arrivée du tout premier, Jadson, en 2004, elle n’a jamais cessé de grandir. Quand certains partent découvrir des pelouses plus occidentales, d’autres arrivent illico. Cette saison, ils sont dix dans l’effectif de Mircea Lucescu. Et ce n’est évidemment pas une coïncidence. C’est un véritable « projet Brésil » qui a été mis en place à Donetsk, dont la pièce maitresse est le coach roumain.


La passion de Lucescu pour les joueurs Auriverde date de son arrivée à Galatasaray, en 2000, avec le gardien Tafarel et l’ex-futur Marseillais Jardel en précurseurs. Quand il débarque dans le Donbass après une expérience de quatre ans en Turquie, le Roumain passe à la vitesse supérieure. Avec l’aide d’un agent spécialisé dans ce marché, Franck Henouda.

Akhmetov ravi de sortir le chéquier

Ce dernier est chargé de convaincre les meilleurs espoirs brésiliens de venir tenter l’expérience en Europe de l’est, qui ne constitue pas vraiment la destination de leurs rêves. « Au début ça a été difficile, j’ai eu un gros travail pour faire comprendre le projet, expliquer le championnat ukrainien, la philosophie du club, explique l’agent à nos confrères de Footballski. Les joueurs avaient peur de se perdre dans un pays comme l’Ukraine, de ne plus être en vitrine et qu’on les oublie rapidement. »

Son travail paye. Jadson, donc, est le premier, suivi de Fernandinho, Elano, Luiz Adriano, Douglas Costa, Luiz Adriano ou Willian, pour ne citer qu’eux. Tous arrivent alors qu’ils sont à peine âgés de 20 ans, avec un point commum : ce ne sont pas des paris mais des talents déjà reconnus. Evidemment, tout ça a un prix. C’est là qu’intervient le tout-puissant oligarque Akhmetov, roi du charbon et de l’industrie métallurgique dans le Donbass dont la fortune est estimée à quelque 6 milliards d’euros. « C’est là la spécificité du Shakhtar, éclaire Charles Camporro, recruteur au Brésil. Le club n’hésite pas à payer très cher, même bien souvent au-dessus du prix du marché, pour être sûr d’avoir ces joueurs. Et eux sont contents de signer un très gros contrat et d’avoir l’assurance de jouer la Ligue des champions chaque année. »

>> A lire : Un excellent portrait de Rinat Akhmetov (qui date un peu mais qui permet de bien cerner le personnage)

La puissance financière du président permet au club de ne pas être en position de vendeur quand ses Brésiliens explosent… A moins d’une très grosse offre. C’est ainsi que Fernandinho (40 millions à Manchester City), Douglas Costa (35 millions au Bayern) ou Willian (35 millions à Makhachkala) sont partis en remboursant largement leur investissement et ouvrant grand la porte à leurs compatriotes pour prendre le relais.

Car il y a aussi un autre dénominateur commun à tous ces Brésiliens de l’est : ils flambent, alors que nombre de leurs compatriotes se brûlent les ailes dans des championnats qui ont pourtant l’air plus accueillants. « Le succès de la filière brésilienne au Shakhtar, c’est surtout Lucescu. Il fait progresser ses joueurs, parle quotidiennement avec eux en portugais. Par exemple, Luiz Adriano n’a pas joué lors de sa première saison pour pouvoir s’adapter, ajoute Franck Henouda pour Footballski. Il y a aussi toute la structure autour du club, en dehors du terrain. »



Sur ce dernier point, la situation a malheureusement évolué de manière dramatique. Epicentre de la guerre civile qui secoue l’Ukraine depuis l’année dernière entre partisans de l’unité ukrainienne et séparatistes pro-russes, Donetsk ne peut plus être une ville de football. Exilé à Kiev pour s’entraîner et Lviv pour jouer ses matchs, le Shakhtar est dans une situation instable. Qui, si elle se poursuit, aura raison de la colonie brésilienne, mécontente de devoir évoluer dans ces conditions.