VIDEO. Coupe du monde de rugby: Vous avez plein de questions débiles sur le ballon? On a toutes les réponses
RUGBY•Ne cherchez pas, c'est la vraie star de la compétition...Romain Baheux
De notre envoyé spécial à Robertsbridge (Angleterre),
Si son rebond aléatoire offre un essai à Noa Nakaitaci en quart de finale contre les All Blacks, vous bénirez le créateur de la balle de la Coupe du monde. En attendant, on l’a déjà rencontré. Ingénieur en chef chez Gilbert, fabricant du ballon ovale de la compétition, Ian Savage nous a reçus dans les locaux de l’entreprise à quelques kilomètres des côtes de la Manche pour répondre à toutes les questions que l’on se posait sur l’objet. Mais alors vraiment toutes.
C’est plus difficile de faire un ballon de foot ou un ballon de rugby ?
Une balle de rugby n’a que quatre faces donc c’est plus simple en termes d’assemblage. Cependant, un ballon de football est rond et il est donc très facile de déterminer s’il l’est ou non. Au rugby, on a des limites très précises de dimension de l’ovale imposées par World Rugby. Pour résumer, c’est plus simple d’avoir la forme de base au rugby qu’au football mais pour qu’ensuite l’ensemble se gonfle de manière correcte, c’est bien plus compliqué.
Une affaire de précision/World rugby
Mais comment il supporte le poids de six énormes mecs qui lui tombent dessus ?
Si vous appuyez sur la balle, vous verrez qu’il est difficile de la déformer. Pour vous donner une idée, l’air contenu à l’intérieur pourrait remplir une voiture familiale si vous le laissiez à une pression normale. Cette pression absorbe les chocs très importants auxquels la balle est soumise durant un match. On a fait beaucoup de tests et on n’en a jamais explosé aucune. Quand on étudie les impacts qu’ils soient causés par le pied, la main ou une compression, à la vidéo, on voit que la balle n’est jamais assez déformée pour nuire à son intégrité.
C’est à fait à base de quel animal ?
Avant, on en fabriquait avec du cuir de vache sélectionné pour sa souplesse et sa résistance. Maintenant, avec les avancées technologiques, on utilise un alliage de polyester et du caoutchouc. La surface externe, c’est du caoutchouc qui accroche bien, à l’image de celui que l’on peut avoir sous nos chaussures.
Appelez-le monsieur Ballon/DR
On se plaint que la balle glisse mais pourquoi on ne la rend pas hydrophobe ?
Ça serait possible dans le futur avec les évolutions technologiques. Actuellement, la pluie rend forcément la balle un peu glissante mais on atténue progressivement cet aspect, sans toucher à l’aérodynamisme de l’objet, via des sortes de petits grains disposés à sa surface. L’eau s’évacue rapidement et le doigt accroche la surface, ce qui la rend moins glissante [démo en vidéo ci-dessous]. C’est la grande amélioration de la balle créée pour cette Coupe du monde.
Sérieusement, comme la balle n’est jamais trop sale alors qu’elle roule souvent dans la boue ?
Là encore, la surface de la balle y est pour beaucoup. Les espaces entre chaque grain sont peu profonds et forment un angle droit avec le ballon. A chaque frottement de la balle avec le maillot d’un joueur, ses mains où même le sol, la boue s’évacue très rapidement car elle ne s’accroche pas dans les interstices. Si votre ballon de rugby avait la même surface qu’une balle de golf, ça serait nettement plus compliqué.
Pourquoi toutes les balles de rugby modernes ont le blanc comme couleur dominante ?
Je ne sais pas exactement pourquoi mais il faut bien voir qu’une balle blanche permet de créer un contraste important. On a conçu la surface du ballon de manière à le rendre brillant avec l’éclairage du stade. On a aussi remarqué que le soir par temps de pluie, le public a tendance à porter des imperméables sombres, rendant le contraste encore plus important. On a fait beaucoup de passes avec notre testeur Paul Grayson [ancien demi d’ouverture de l’équipe d’Angleterre] pour améliorer le visuel. Par exemple, on a grossi les lignes elliptiques sur le côté pour que ça ressorte encore plus quand la balle tourne. On doit étudier l’apparence de la balle à l’arrêt mais aussi en mouvement.
Au calme, on se gonfle une balle du très attendu France-Irlande/DR
Et si on mettait une puce dans le ballon pour savoir s’il y a essai ou non ?
Si demain on nous le demandait de le faire, ça serait possible assez rapidement. Il faudrait juste déterminer le poids supplémentaire que l’on serait prêt à donner à la balle et l’impact sur son aérodynamisme. La différence avec la goal-line technology au football, c’est que les caméras ne voient pas forcément la balle au moment où elle est aplatie donc il faudrait aussi un peu repenser le système. Mais ce n’est pas impossible.