NBA: Avant la draft, l’odyssée américaine de Mouhammadou Jaiteh
BASKET•Le joueur de Nanterre, qui tente sa chance à la draft cette année, parcours les camps d’entraînement des équipes pour tenter de les séduire…Antoine Maes
Si vous prenez son itinéraire sur le papier, ça ressemble à un road-trip de rêve. Pourtant, si le basketteur Mouhammadou Jaiteh saute d’un avion à l’autre depuis une quinzaine de jours, ce n’est vraiment pas pour faire du tourisme. A 20 ans, l’intérieur de Nanterre tente cette année la draft NBA, qui se tiendra le 25 juin prochain. Et pour espérer séduire le maximum de franchises, « Mam » multiplie les work-out, ces camps d’entraînement où chacun essaie de prouver qu’il est meilleur que l’autre. Récit de l’aventure, entre deux vols, évidemment.
Les voyages : « Pas le temps de calculer où tu es »
« Je suis arrivé à Las Vegas il y a une quinzaine de jours pour m’entraîner avant de commencer les work-out. Après je suis parti à Memphis, puis New York, ensuite euh… Portland, Phoenix, Utah, Minnesota. J’ai fait Philadelphie aussi. Et là (dimanche, ndr) je suis à Detroit et je prends l’avion pour Milwaukee. Au bout d’un moment tu ne retiens plus vraiment où tu es. Tu arrives la veille, le lendemain tu fais le work-out et le soir même tu reprends l’avion pour une autre destination. Tu n’as pas le temps de calculer où est-ce que tu es ».
« »
bon appétit !! Je prend des forces pour demain, workout à Minnesota . #Salade #RisottoPouletAsperge #Fruits #Chesecake #Healthy
Une photo publiée par Mouhammadou Jaiteh (@mamjaiteh14) le 18 Juin 2015 à 21h11 PDT
L’organisation : « Ils te laissent un peu libre »
« Avant de commencer les work-out, j’étais à la charge de l’agent, qui dépense pour l’endroit où je m’entraîne et où je réside, pour la nourriture aussi. Une fois qu’on commence, c’est aux équipes. Si Milwaukee veut me voir, elle va payer le billet d’avion et l’hôtel pendant les jours où j’y suis. La plupart du temps, tu as accès au room-service, tu mets les frais sur la chambre. Ou alors ils te donnent une somme d’argent quand t’arrives à l’aéroport et tu manges avec. Ce que j’aime bien, c’est qu’ils te laissent un peu libre. Tant que tu es à l’heure, c’est tout ce qui compte ».
Les work-out : « Bien plus fatigant qu’en Pro A »
« Si je résume, j’ai fait 10 work-out en 15 jours. C’est bien plus fatigant qu’en Pro A. Ce ne sont pas les work-out qui sont fatigants, ce sont les trajets. Mais si tu veux réaliser ton rêve il faut passer par là, et tout le monde est passé par là avant. Sur place, c’est un contexte spécial. On est six, tu ne sais même pas qui sont les joueurs, ou alors tu les connais de réputation. Et ça dure une heure, une heure et quart, tu donnes le maximum, tu essaies de montrer pourquoi l’équipe doit te prendre toi et pas untel ou untel. Mais tu ne sais rien à l’avance. Tu ne sais pas si l’équipe veut un poste 5, un meneur ou un ailier. Donc par exemple, si le meilleur joueur c’est le meneur, mais que l’équipe n’est pas intéressée sur ce poste, elle prendra plus l’intérieur, parce qu’elle en a plus besoin ».
Les rumeurs : « C’est un poker »
« Des équipes viennent me voir tout au long de la saison. Et celles qui te montrent de l’intérêt, elles vont dire qu’elles t’aiment bien, mais elles ne vont jamais dévoiler leurs plans clairement. C’est vraiment un poker. C’est pour ça que c’est compliqué : il n’y a rien de concret, que des rumeurs. Tu ne sais la vérité que le 25 (jour de la draft). Avant, ce n’est rien du tout. Ensuite, une fois qu’ils t’ont vu, ils vont voir ton agent. Parce que certaines équipes t’aiment bien mais il n’y a pas de place dans leur effectif. Il y a d’autres équipes où c’est parfait. L’agent les voit et demande quel jour on peut me mettre sur un work-out. Ça se fait au dernier moment, ça se rajoute. Le dernier work-out que je vais faire, la veille de la draft, j’ai su que je devais le faire il y a deux jours ».
(Un choix probable de draft selon le site de référence en mock draft, nbadraft.net)
La soirée de la draft : « Comme si on était de la marchandise »
« J’imagine d’abord que de 1 à 20, je ne serai pas dans la liste. A partir de 20, je vais écouter, ce sera un peu stressant. J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai montré ce que je savais faire, donc je relativise. Si certains ne me prennent pas c’est que ce n’est pas ma place. Apprendre en une seconde où on va habiter pendant quelques temps ? C’est un peu moins plaisant. C’est un peu comme si on était une marchandise. Mais je vois le verre à moitié plein : l’équipe qui t’a choisi, elle te veut vraiment. Après, je n’ai pas mis mon attention sur les villes, d’ailleurs je n’ai pas eu le temps de les visiter. Comme je ne suis pas Américain, je ne connais pas. Je n’ai pas de famille ici, pas de repère. C’est moins dur que pour certains Américains, quand on leur dit d’aller à l’opposé de leur famille ».