Top 14: Le Stade Français en a-t-il fini avec les maillots rose?
RUGBY•Le Stade français va changer d’équipementier après sa finale contre Clermont…Julien Laloye
«Tous en rose pour la finale». Le mot d’ordre commence doucement à monter sur les réseaux sociaux pour inviter les supporters du Stade Français à venir tout de rose vêtu samedi soir face Saint-Denis pour la finale du Top 14 face Clermont. L’initiative tombe à pic, peut-être, pour rappeler le club à ses devoirs, avant que celui-ci ne change de sponsor maillot à la fin de la saison. A partir du 30 juin, en effet, le Stade Français ne sera plus lié à la marque Adidas, celle qui a révolutionné le potentiel marketing du club parisien et bouleversé les codes du rugby français en ajoutant du rose à ses couleurs traditionnelles.
Max Guazzini, l’ancien président du Stade, se souvient parfaitement des circonstances de la trouvaille. «On était partis sur la couleur argent pour le maillot extérieur, mais en allant à l’usine, on a vu que ça sortait gris clair. Je me suis dit "Pourquoi pas essayer quelque chose de plus flamboyant comme le rose?"».
Une légende urbaine tenace prétend que les joueurs ont eu du mal à se faire à ces maillots flashy trop près du corps. C’est tout le contraire, d’après Guazzini. «Les joueurs ont validé les couleurs, un jour Dominici est même venu s’entraîner avec alors que je voulais qu’on attende la mi-saison pour le sortir. Deux jours après, ils décident de jouer avec à Perpignan en championnat alors que j’étais contre!».
Le carton est presque immédiat. De 800 maillots vendus pour la saison 2004-2005 avec Kappa….le club passe à 30.000 en 2006, 55.000 en 2007, et 100.000 en 2008, en variant les modèles. Fleurs de lys fuchsia, Blanche de Castille en imprimé Wharolien, Kaki militaire (le mieux vendu de l’histoire du club), les fantaisies s’enchaînent sans aucune fausse note, jusqu’à la Tour Eiffel en serpentin de cette année, qu’on verra peut-être samedi, à moins que les joueurs ne soient trop superstitieux pour quitter le maillot blanc qui leur a porté chance depuis le début des phases finales. La suite? Elle s’écrira avec Asics, qui n’a pas souhaité communiquer sur le design de la prochaine tenue des Parisiens, au même titre que les dirigeants du club.
Faut-il pour autant faire le deuil de la fashionitude stadiste? Pas forcément, explique Guazzini, qui rappelle que c’est avec l’équipementier japonais que le Stade Français avait démarré l’histoire en 1993… en fédérale 1. «On avait décidé ensemble de passer du coton au polycoton pour garder la couleur des maillots. Dans l’hémisphère Sud, il y avait pas mal de tenues avec des motifs et des rayures. On a voulu s’inspirer de ça». C’est l’époque du maillot bleu foncé, celui du titre avec 98, avec les fameux éclairs de couleur rouge. Certains y ont vu une référence aux montées successives du club jusqu’à l’élite à la vitesse de Flash Gordon. La vérité est plus simple que ça.
«Le bureau exécutif du club a voté à bulletins secrets sur plusieurs propositions d’une agence, et les éclairs l’ont emporté. Et quand Adidas est arrivé, on en a gardé trois, pour répondre aux marques de la bande. D’ailleurs ils sont encore présents sur les maillots aujourd’hui». On peut donc espérer que le rose parvienne lui aussi à traverser les époques.