Crash en Argentine: «La famille Vastine est un peu maudite»
INTERVIEW•Rudy Flochin, journaliste pour «Intérieur Sport», est devenu ami avec le boxeur Alexis après un documentaire…A.M.
En septembre 2014, l’émission «Intérieur Sport» consacrait un numéro poignant à Alexis Vastine, décédé lundi soir dans un accident d’hélicoptère en Argentine pendant le tournage de Dropped, une émission de TF1. A l’époque, le boxeur maudit des Jeux olympiques se remet à peine d’une dépression. Rudy Flochin, auteur du reportage qui sera rediffusé mardi soir (22h40, Canal + Sport), a passé beaucoup de temps dans l’intimité du champion et de sa famille, au point d’en devenir l’ami.
Alexis Vastine avait l’image d’un écorché vif. Est-ce que c’est ce que vous avez ressenti en le rencontrant?
Oui exactement. D’abord c’était un mec adorable, mais qui doutait beaucoup par ces expériences assez douloureuses qu’il a vécu dans le sport. Il avait commencé la boxe à l’âge de 6 ans, il lui a consacré toute sa vie, pour échouer sur des décisions arbitrales plus que litigieuses. Ça l’avait complètement déstabilisé, il avait perdu les repères qu’il avait construits pendant toute une vie. Quand on l’a rencontré, c’était en mars 2014, il sortait d’une année de dépression. Il essayait de se reconstruire, il savait que ce n’était pas sa nature d’être dépressif, de boire, de sortir. Il avait repris la boxe, tout en continuant à douter et en sachant que son retour pouvait être contrarié par ce milieu de la boxe.
Vous étiez toujours en contact?
Oui bien sûr. On échangeait des textos régulièrement, on se voyait de temps en temps pour manger, boire un café. Sportivement, les boxeurs ont des échéances une fois par an, ils ne peuvent pas s’entraîner dur toute l’année. Là il était dans une période un peu plus creuse après sa victoire aux championnats du monde militaire en juin 2014. Il continuait à s’entretenir sans non plus se préparer durement. Mais il avait en tête, même s’il ne voulait pas en parler, de participer aux JO de Rio, et pourquoi pas revenir avec l’or Olympique. Dans sa catégorie, c’est quand même un des meilleurs amateurs du monde.
C’est une famille qui a beaucoup souffert…
Il y a le décès de sa sœur début janvier dans un accident de voiture. C’est une famille qui est un peu maudite, parce qu’elle est touchée de plein fouet que ce soit sportivement ou humainement. Régulièrement, il y a des drames, des choses douloureuses à vivre qui ne doivent pas être faciles à encaisser. J’ai une grosse pensée pour sa famille. Il n’y a pas de mot pour décrire leur sentiment et pour imaginer la suite.
Qu’avez-vous envie qu’on retienne d’Alexis Vastine?
Que c’était un mec attachant, ouvert à tous. Les réactions le prouvent. Tout le monde envoie des messages de soutien, d’amour envers lui. C’était un mec qui était beau, grand, avec une prestance. Il pouvait peut être effrayer au premier abord, mais très vite, tout ça s’effaçait. Au contraire, il était humble, simple. Moi, il m’a ouvert les portes de sa famille, de son intimité. On l’a suivi dans des moments pas faciles… C’était un mec en or qui aurait dû un jour avoir l’or olympique autour du cou.