On ne connaît pas encore son impact sur la suite de la saison de Monaco, mais la fantastique - et inattendue - victoire acquise à Arsenal mercredi soir est de celle qui peut tout changer. Les joueurs de la Principauté ont renversé en 90 minutes l’indifférence polie qui accompagnait son parcours jusqu’alors, perçu comme chanceux ou gagne-petit, au choix.

De là à entrevoir une folle épopée qui émouvrait la France du foot, comme en 1998 ou en 2004? Peut-être pas non plus, selon l’ancien défenseur de l’ASM, Luc Sonor. «Personne ne va me faire croire qu’aujourd’hui Monaco est entré dans le cœur des Français juste grâce à ce match. En France on en a que pour le PSG. Monaco est habitué à ça, à être un club un peu ignoré, à la marge, assure-t-il. Par contre si le PSG se fait sortir, là ça pourrait changer. Les gens se raccrocheront à Monaco.»

«Monaco n’a jamais été une équipe admirée, vraiment aimée»

En résumé, l’ASM serait un club que la France n’aime que quand ça l’arrange. En neuf saisons sur le Rocher (1986-1995), Luc Sonor a connu avec ses coéquipiers deux demi-finales (Coupe des Coupes 1990, Ligue des champions 1994) et une finale (Coupe des Coupes 1992) européennes. Mais Bordeaux, l’OM ou le PSG leur ont toujours fait de l’ombre. Comme si les Français avaient du mal à s’identifier à cette équipe. «Peut-être parce que c’est la Principauté, peut-être par jalousie, je n’en sais rien, tente d'expliquer Luc Sonor. Mais Monaco n’a jamais été une équipe admirée, vraiment aimée.»

Il n’empêche que la palette d’émotions ressenties en regardant les Monégasques démonter les Gunners chez eux ne s’efface pas comme ça. Les souvenirs vivaces du 3-1 infligé au Real en 2004 ou du but de Trezeguet à Old Trafford six ans plus tôt en sont la preuve. «Le club est redevenu un acteur important en France et en Europe. Je suis très fier pour la France», a d’ailleurs dit le vice-président de l’ASM, Vadim Vasilyev dans les couloirs de l’Emirates Stadium mercredi. Qu’ils enflamment la France ou non, les Monégasques pourront en tout cas compter sur leurs supporters, jamais aussi bons - et nombreux - que lorsqu'ils doivent mettre le feu dans les matchs européens à enjeux.