Il incarne plus que n’importe quel autre l’esprit olympique. Triple médaillé d’or à l’issue d’une carrière exceptionnelle, et tout frais membré élu du CIO, Tony Estanguet a grandement contribué à la rédaction du rapport d’opportunité remis symboliquement à Anne Hidalgo mercredi, première étape d’une candidature parisienne aux JO 2024 de plus en plus évidente.

Tony, que faut-il retenir de cette étude d’opportunité présentée à la Maire de Paris?

Que c’est une étape importante pour permettre aux décideurs de cette éventuelle candidature de parler de la même chose. On y travaille depuis de longs mois, donc on est content que cette étude sorte. C’est une base commune sur laquelle on va pouvoir parler ensemble.

Etes-vous satisfait de son contenu?

Je suis très attaché à un projet olympique, je connais bien ce monde-là, et je voulais une vraie démarche structurée. Ce qui me paraît crédible aujourd’hui, c’est que Bernard Lapasset a su introduire cette démarche rigoureuse, prenant en compte les besoins et les attentes des uns et des autres. On construit un projet qui a du sens.

A-t-on tiré les enseignements des échecs passés?

On s’est posé des questions pour répondre à un projet collectif. Ce qui nous a été reproché dans les candidatures passées de Paris, c’est que chaque décideur avançait un peu en fonction de ses propres intérêts. Là, l’objectif, c’était de proposer un contexte positif et qui réponde aux questions de tous les acteurs concernés.

Regrettez-vous certaines réticences politiques à se lancer?

Non. On utilise intelligemment le temps qui nous est donné par le CIO. Pour une fois, on a une approche intelligente où chacun doit trouver sa place. Aujourd’hui ce n’était pas le temps de la candidature, c’était le temps de mettre sur la table les éléments importants pour aider à prendre la bonne décision.

Pour vous, Paris 2024 doit être une réalité?

Bien sûr. Je suis convaincu que la France peut organiser des JO fantastiques, avec des retombées pour toute la société française. Il y a un vrai intérêt pour la France d’être candidate et de proposer un projet qui réponde aux exigences du CIO. La concurrence sera forte, notamment côté américain, mais on a des atouts pour rivaliser. Et d’expérience, la candidature américaine n’a pas toujours brillé dans le passé…

Votre projet évoque un coût d’organisation de 6 milliards d’euros? C’est tenable?

On sait que les enjeux budgétaires sont décisifs pour gagner. On a énormément travaillé sur cette question pour répondre à l’agenda 2020 du CIO. Encore une fois, c’est la première fois qu’on se donne le temps de partir sur des vraies études avant de se déclarer. Par le passé, il pouvait y avoir une vraie envie, mais cette fois, il y a une vraie rigueur dans ce qu’on propose pour être sûr qu’il n’y ait pas de mauvaises surprises.