VIDEO. Mondial de hand: Ce que les entraîneurs aimeraient piquer à Claude Onesta
HANDBALL•Le technicien a mené les Experts vers un cinquième titre de champion du monde...R.B.
«J’arrive à me perdre dans le nombre.» Ça paraît un brin prétentieux de parler de ses succès de cette manière, mais Claude Onesta est l’un des rares privilégiés à pouvoir sortir ce genre de phrases sérieusement. Vainqueur de son troisième titre mondial avec les Bleus dimanche, le sélectionneur des Experts fait saliver plus d’un technicien par ses méthodes. Plusieurs d'entre eux détaillent ses forces.
Ne pas concentrer tous les pouvoirs
Il est LE boss et décidera sans doute de la manière et du moment dont il quittera ses fonctions. En interne, Onesta est pourtant loin d'être un tyran et laisse une marge de manoeuvre importante à des hommes qu'il connaît depuis des lustres. Au Qatar, on a souvent vu son adjoint, ex-homme de base du groupe, Didier Dinart, assurer les briefings sur le bord de la touche devant un entraîneur en chef qui se contente d'observer au second plan.
«Mon rôle, c'est de rester dans un environnement général, de prendre des éléments de contexte. Ce qui veut dire que je n'interviens plus dans tout ce qui est le jeu, la stratégie, explique l'intéressé. Ça, c'est dirigé par d'autres, c'est un échange avec les joueurs qui est bien établi. J'écoute, parce que ça m'apporte pas mal d'éléments, mais je n'interviens plus.» «Il responsabilise ses joueurs dans de nombreux domaines et même jusqu'à la tactique, ce qui est plutôt rare, souligne le sélectionneur de l'équipe de France de basket Vincent Collet. Il est persuadé que ce fonctionnement lui permet d'obtenir des résultats.» Difficile de lui donner tort.
Anticiper le déclin
C'est l'un de ses grognards, mais ça ne l'a pas préservé. Lynché devant la presse par son entraîneur en début de compétition, Jérôme Fernandez a passé la majeure partie de la compétition sur le banc et a annoncé à demi-mots sa retraite après la victoire contre le Qatar. Le tout sans que le collectif n'en souffre. «Il arrive à remplacer progressivement les anciens par les nouveaux et semble toujours avoir un coup d'avance, salue Claude Bergeaud, ex-sélectionneur tricolore de basket (2003-2007). Je veux bien que l'on parle de génération exceptionnelle, mais il y a quand même eu quelques changements depuis son arrivée. S'il y a un ou deux joueurs moins bons sur une équipe de sept bonhommes, ça se voit tout de suite. Il a le pif pour sentir ceux qui vont pouvoir apporter quelque chose.» «Il sait régler les problèmes avant qu'ils n'arrivent», résume l'entraîneur du Racing Métro, Laurent Travers.
A deux reprises, lors de l'Euro 2012 (12e) et du Mondial 2013 (6e), on a pourtant cru que les Experts glissaient sur la pente savonneuse de la lose. A chaque fois, le technicien a su les relever pour remporter la compétition suivante. «Les causes étaient différentes, mais les deux fois, il a su repousser ce déclin», poursuit Claude Bergeaud. «D'ordinaire, les équipes qui ont gagné se reposent et ça devient plus difficile pour un coach, souligne Vincent Collet. Là, il a su rendre ses joueurs morts de faim.»
Se détacher du présent
Même en enjolivant nos souvenirs, on aura du mal à écrire que la phase de poule des Français a été étincelante dans ce Mondial. Quelques jours plus tard et des corrections infligées à l'Argentine en huitième puis à la Slovénie en quart, les bégaiements initiaux semblaient très loin. «Cela fait plusieurs fois qu'ils ne sont pas surdominants au début de leur compétition, mais dès que ça devient éliminatoire, Claude parvient à les transformer en une autre équipe, évoque Vincent Collet. Ils ont bien compris que l'on ne pouvait pas être au top du début à la fin et ils se servent de ces matchs pour monter en puissance.» «C'est là qu'on voit sa ruse. Il se cache un peu, sait utiliser la com pour faire un peu douter de leur force, sourit Bergeaud. Lui, il sait pourtant que ça va bien et que tout est normal.» Espagnols et Qataris peuvent attester de la pertinence de la méthode.