CAN 2015: Comment l'Algérie a adopté Christian Gourcuff
FOOTBALL•Les Fennecs visent le titre continental...Romain Baheux
Il est l'homme chargé d'enterrer vingt-cinq années de frustration en Algérie. Pourtant, Christian Gourcuff n'incarne vraiment pas le cliché de l'entraîneur européen qui écume les sélections africaines depuis des lustres. Ça n'a pas empêché le Breton, qui semblait destiner à être éternellement planté au bord du terrain de Lorient, de parfaitement réussir son intégration à la tête des Fennecs, l'un des favoris de la CAN opposé à l'Afrique du Sud lundi (20h) pour son entrée dans la compétition.
Cet été, le pot d'arrivée a été pourtant organisé dans l'ombre très encombrante du prédécesseur. Petit retour en arrière: éliminée en huitième de finale par le futur vainqueur allemand, l'Algérie revient du Mondial brésilien fêtée par tout un peuple et avec un sélectionneur, Vahid Halilhodzic, prié en vain de rester par le pouvoir présidentiel. «Il y a eu beaucoup de quiproquos, raconte Nacer Sandjak, ex-sélectionneur national et consultant pour Canal +. Le contexte n'était pas idéal à son arrivée.» «Gourcuff n'a pas été très bien accueilli puisqu'il arrivait juste après cette Coupe du monde exceptionnelle, explique Hammou Bellahmer, journaliste à Planète Sport. Heureusement, nos supporters sont assez versatiles...»
Un déménagement en Algérie
Les résultats l'ont aidé à se fondre dans le poste. Sortie en tête de son groupe de qualification, l'Algérie version Gourcuff s'est convertie au sempiternel 4-4-2 du technicien sans pour autant mener une révolution de palais. «C'est la même conception du jeu avec à peu près les mêmes joueurs, souligne Noureddine Kourichi, ex-adjoint du Bosnien. Cette équipe s'est construite techniquement et tactiquement au Mondial et elle a conservé ses qualités.» «Il a compris que le groupe était sous pression depuis un moment avec Vahid et il a lâché un peu la bride. Il a su responsabiliser les joueurs», souligne Sandjak. Plus habile dans sa com', le Breton a évité de se mettre la presse à dos là où son prédécesseur entretenait des rapports très tendus avec les médias locaux.
Après onze années dans le Morbihan, Christian Gourcuff a même poussé son intégration jusqu'à déménager en Algérie, même s'il revient régulièrement en France pour superviser certains de ses joueurs. «Au début, on le voyait souvent dans des stades où il suivait des matchs de notre championnat, poursuit Bellahmer. Globalement, il a fait bonne impression mais les supporters le jugeront à la CAN, qu'ils imaginent tous gagner.» 25 ans après le seul succès algérien dans la compétition, Gourcuff sait comment se faire définitivement adopter.