Dakar 2015: Albert Bosch, le grand aventurier 100% recyclable
INNOVATION•Le pilote espagnol Albert Bosch, aventurier de l'extrême, va conduire la première voiture 100% électrique de l'histoire du Dakar...Nicolas Camus
De notre envoyé spécial à Buenos Aires,
Si, par essence, tous les concurrents du Dakar sont des aventuriers, il en est un qui surpasse tous les autres. A 48 ans, Albert Bosch a réalisé une bonne trentaine de défis sportifs extrêmes, dont chacun d’entre eux constituerait l’aboutissement d’une vie pour le commun des mortels. Ses deux plus grands donnent la chair de poule, dans tous les sens du terme. Cet Espagnol né au pied des Pyrénées a gravi les sept sommets les plus hauts du monde, du Kilimandjaro en 2006 à l’Everest en 2010, avant d’effectuer un raid en solitaire de 1.200 km pour traverser l’Antarctique jusqu'au Pole Sud, l’année suivante.
Lors de cette dernière aventure un peu folle qui aura duré 65 jours, l’homme a eu le temps de réfléchir. «J’ai pris conscience que j’avais beaucoup profité de la nature, mais que je n’avais jamais vraiment rien fait pour elle. Je me suis dit qu’il fallait rendre ça», raconte-t-il. L’aboutissement de cette réflexion a lieu ce dimanche, et son départ dans le Dakar 2015 au volant d’un buggy 100 % électrique. Une grande première sur le rallye-raid. «La philosophie du projet, c’est innover, mais pas pour aller plus vite, pour améliorer l’efficacité énergétique des voitures. Si nous voulons continuer à faire ce type d’épreuve, il faut vraiment se préoccuper de l’environnement», explique-t-il.
«Je vous souhaite bonne année maintenant, je ne sais pas quand je vous reverrai»
Séduite par cette idée, l’organisation du Dakar a mis en place un règlement spécial. Car qui dit électrique dit rechargement de batteries. Tous les 250 km, la voiture pourra s’arrêter pour en changer. En tout, quatre (de lithium) sont nécessaires, de 410 kg chacune. L'assistance se fait grâce à deux camions qui eux, en revanche, ne sont pas «propres». «On n’est pas encore 100 % soutenables, c’est vrai, mais on est à l’avant-garde de cette philosophie, ce n’est déjà pas mal!», sourit Albert Bosch. Qui assure tout de même que ces deux camions émettaient 20 % de CO2 de moins qu’une voiture classique du Dakar.
Bosch, qui n’est pas un débutant dans la compétition (huit Dakar à son actif, dont six en auto), sait très bien que son buggy n’a que très peu de chances de l’emmener jusqu’à l’arrivée cette année. «Je voudrais pouvoir dire que finir le Dakar est un objectif, mais c’est trop tôt. Ça reste un rêve, admet-il. On va d’abord voir comment réagit la voiture en course. On l’a essayé à la montagne, au Maroc, mais pas dans des conditions extrêmes comme ça.» Et puis, entre lui, «plus aventurier que pilote», et son copilote, Augustin Paya, ingénieur civil plus que roi du road-book, on a vu équipage mieux armé.
Cela n’a pas l’air d’effrayer pour autant l’Espagnol. Souriant, intarissable, Albert Bosch manie très bien l’autodérision. «Je vous souhaite bonne année maintenant, je ne sais pas quand je vous reverrai», lance-t-il ainsi dans un grand éclat de rire en s’éloignant vers sa voiture. Il y a des gens comme ça que l’inconnu sublime.