RUGBYTransferts: Après Dan Carter, pourquoi le Top14 attire les stars et pas la Ligue 1?

Transferts: Après Dan Carter, pourquoi le Top14 attire les stars et pas la Ligue 1?

RUGBYLe championnat français est plus attractif en rugby qu’en foot…
Bertrand Volpilhac

B.V.

Enlevez le richissime PSG et la forêt est dépeuplée. Depuis plus d’une décennie, le championnat de France de foot n’arrive plus à recruter de stars mondiales, la faute à un manque de puissance financière et de fiscalité. Son cousin du rugby, lui, peut se targuer d’être le plus compétitif et attractif au monde. Une sorte de all-star game long de dix mois entre les meilleurs joueurs de la planète, comme le Neo-Zélandais Dan Carter, futur joueur du Racing-Metro en 2015. Comment expliquer une telle différence?

L’Angleterre, seul concurrent crédible

Le Top14 est le championnat le plus riche au monde. Mais ce n’est pas bien dur non plus. «En foot, il y a au moins 20 pays capables de s’offrir des stars. Au rugby, vous n’avez financièrement aujourd’hui que trois destinations possibles: la France, l’Angleterre et le Japon», explique Pierre Anglade, agent de joueur. Le Racing n’a pas eu à faire à un Bayern Munich ou un Barça du rugby pour attirer Carter, mais seulement qu’à quelques clubs anglais dirigés par des mécènes (la vie à Paris n’est pas la même que celle à Northampton) et nippons, dont le championnat n’a pas d’intérêt sportif. Et l’hémisphère sud? «Il y a une énorme différence de salaires proposés, poursuit Anglade. Seuls les All-Blacks avec leurs sponsors peuvent se rapprocher, et encore. Carter n’aurait jamais pu toucher en Nouvelle-Zélande ce qu’il va toucher en France (ndr: 1,1 million d’euros par saison). C’est encore plus évident pour les Australiens et les Sud-Africains.» Et ca explique leur exode massif.

Une star coûte moins cher au rugby qu’au foot

Conséquence directe, les salaires ne s’envolent pas toujours. Aujourd’hui, il est possible de faire signer un joueur de classe mondiale pour un prix – et des avis d’imposition – raisonnables. Sur une année, Carter va gagner environ 6 fois le salaire moyen d’un rugbyman de Top14. Zlatan Ibrahimovic, avec ses 18 millions annuels, touche 33 fois celui d’un joueur de Ligue 1. Surtout que le Salary Cap (une limite de masse salariale pour l’ensemble d’un club) en vigueur en Top14 refrène les gourmands. «Les sommes engagées sont complètement différentes entre le football et le rugby», convient Anglade. Et pourtant, les deux marchés ne sont pas si éloignés. Si le foot reste maitre, le rugby génère de l’argent et rempli parfois plus les stades. En clair, «le sacrifice financier pour faire venir une star est moins important et risqué pour un club de Top14 que pour un club de Ligue 1», assure l’agent. Surtout que certains montages financiers permettent aux clubs de rugby de payer une partie des salaires via des droits à l’image ou des sponsors.

En Top14, il y a de l’argent partout

Enlevez le PSG et – dans une moindre mesure – l’OM à la Ligue 1, aucun club français n’est capable de s’offrir un grand nom du foot. Les récentes signatures d’Adam Ashley-Cooper à Bordeaux et la possible de Will Genia au Stade Français ou Lyon prouvent qu’en rugby, l’argent est partout. Le Racing, Toulon, Clermont ou Toulouse ne sont pas les seuls clubs capables de flamber dans les transferts. «Avant, Bordeaux était avec Grenoble un de seuls à faire un recrutement ‘intelligent’, basé sur des bons joueurs de Pro D2, conclut Pierre Anglade. Mais le président Marti veut passer la vitesse supérieure. Ashley-Cooper, c’est un gros coup emblématiquement. Et je ne pense pas qu’ils l’aient payé une fortune.»