Retraite de Thierry Henry: «Il n’est pas aimé à sa juste valeur en France», regrette l'un de ses biographes
FOOTBALL•Les Français ont «une fausse image de lui»…B.V.
L’idée l’a «extrêmement ému». Une dernière sélection en équipe de France pour rendre hommage à l’immense carrière de Thierry Henry, pourquoi pas? Mais cela ne changera pas l’image mitigée que gardera le pays du meilleur buteur de son histoire. L’attaquant n’est pas adulé en France et pour Jean-Baptiste Faivre, auteur d’une biographie (Thierry Henry: l’étoile filante, éd. Premium, 2013), c’est «assez incompréhensible».
Thierry Henry va devenir consultant pour une chaîne anglaise. C’est parce qu’il se sent mieux en Angleterre qu’en France?
Bien sûr, c’est un choix logique. Il y est plus heureux parce qu’il est reconnu là-bas à la juste valeur du joueur exceptionnel qu’il était. Beaucoup plus qu’en France, ce qui est assez incompréhensible quand on voit ce qu’il a apporté à l’équipe de France. On lui a reproché de privilégier Arsenal à l’équipe nationale, mais c’était faux, il suffit de voir les chiffres ou les buts importants qu’il a marqués contre l’Irlande (2005) ou le Brésil (2006).
Il n’a jamais donné l’impression d’être quelqu’un de très sympathique…
Peut-être qu’en France on n’aime pas les joueurs qui semblent en apparence hautains. On pense que c’est de l’arrogance, voire du mépris. Mais c'est une fausse image. C’est plutôt quelqu’un de réservé et d’élégant. Aussi bien dans l’allure, avec sa prestance, que dans le fond. Il suffit de le voir sur le terrain pour s’en rendre compte, et dans pleins de points de vue de sa personnalité, il n’a par exemple rien à avoir avec un Samir Nasri. C’est quelqu’un de respectueux, de très bien éduqué. Il ne faisait peut-être pas l’effort de forcer sa nature pour paraître plus sympa… Mais est-ce qu’on peut lui reprocher?
A-t-il vécu l’épisode de la main comme une fracture avec la France?
En grande partie, oui, car quand il est parti à New York, tous les journalistes que j’ai contacté m’ont expliqué qu’il était extrêmement difficile de l’approcher au début. Il a en assez logiquement voulu à la presse de ne pas l’avoir soutenu à cette époque. Mais même avant cette affaire, il était moins idolâtré que Zidane, alors qu’il était aussi fort que lui.
Il n’a pas non plus empêché la grève de Knysna…
Il faut se mettre à sa place: on lui reproche de ne pas être descendu du bus mais Raymond Domenech l’avait mis sur le banc et lui avait retiré le brassard. Que pouvait-il faire? Il était décrédibilisé, il n’allait pas intervenir.
A-t-il souffert de l’existence de Zidane?
On a souvent voulu les opposer, en expliquant que Zidane n’avait donné qu’une seule passe décisive à Henry en bleu. On peut se poser la question, mais je ne pense que ce soit le principal problème où qu’il en ait souffert.