«C'est complètement fou!»: seule femme nommée pour le prix du plus beau but en marge du Ballon d'Or, face à des géants comme Zlatan Ibrahimovic, James Rodriguez ou Robin Van Persie, l'Irlandaise Stephanie Roche se pince encore pour y croire. 20 octobre 2013. L'attaquante internationale irlandaise (35 sélections) et son équipe de Peamount United, en banlieue de Dublin, affrontent les Wexford Youths en championnat féminin d'Irlande. A des années-lumière des stades de Liga, de Ligue 1 ou de la Coupe du Monde.

Son but, qui lui vaut d'être nommée pour le prix Puskas, n'a pourtant rien à envier à celui des stars masculines. Bien au contraire. Sans que le ballon ne touche terre, elle enchaîne contrôle du pied droit, aile de pigeon du gauche pour lober son adversaire et reprise de volée dans la lucarne. «C'est allé si vite, je pense que ce n'était que de l'instinct», raconte-t-elle, en revisionnant son but, dans son appartement d'Albi, où cette jeune blonde de 25 ans évolue depuis cet été à l'ASPTT, promu en D1 féminine.

«C'était mon premier but de la saison, j'étais juste heureuse de marquer», poursuit Roche, qui a appris à jouer au foot toute petite dans sa rue à Dublin, avec les garçons du quartier. Mais après le match, lorsque l'entraîneur de l'équipe adverse, dont l'analyste vidéo avait filmé la rencontre, lui remontre son but, l'attaquante se dit qu'il a «vraiment quelque chose de particulier».

Elle est toutefois loin d'imaginer la suite de l'histoire. «Mes coéquipières me chambraient: Mets ça sur internet, ça va faire le buzz et tu vas devenir une superstar!», sourit-elle. Ce que fit son entraîneur. «Et maintenant, il a été vu plus de 3 millions de fois, c'est complètement fou!», lance l'Irlandaise. Outre la fierté que l'une d'entre elles soit en haut de l'affiche, à l'ASPTT Albi, où l'on a jamais vu autant de journalistes défiler, le but de Stephanie Roche est un beau coup de pub pour le foot féminin.

«Les gens se disent qu'une fille peut faire autant qu'un garçon»

«Il y a eu beaucoup de vues sur son but et donc forcément les gens se disent qu'une fille peut faire autant qu'un garçon et ils vont peut-être s'intéresser au foot féminin», estime Kimberley Cazeau, milieu offensif de l'ASPTT. Le club ne compte que quatre joueuses «professionnelles», dont l'Irlandaise, disposant d'un contrat fédéral rémunéré environ 800 euros par mois et d'un appartement de fonction.

De là à battre Zlatan Ibrahimovic (lauréat du prix l'an dernier) et sa talonnade contre Bastia, James Rodriguez et sa reprise de volée contre l'Uruguay avec la Colombie en huitième de finale de la Coupe du monde, élu plus beau but du Mondial, ou Robin Van Persie et sa tête lobée avec les Pays-Bas contre l'Espagne, également durant le Mondial? «Ce qui va la pénaliser, c'est que c'est un petit montage amateur alors qu'on voit des buts de la Coupe du Monde filmés dans des conditions optimales mais en même temps, c'est une femme, elle joue dans un club amateur, ça peut buzzer sur internet, elle peut peut-être bénéficier de ça, du fait qu'elle soit peu connue et que les gens aient envie d'un peu de changement», espère son entraîneur David Welferinger.

Les internautes ont jusqu'au 1er décembre pour voter sur fifa.com et francefootball.fr pour l'un des dix buts sélectionnés. Avant un deuxième tour pour départager les trois buts ayant eu le plus de voix jusqu'à la cérémonie du Ballon d'Or 2014 le 12 janvier, lors de laquelle sera remis le prix Puskas.

Fan absolue de Cristiano Ronaldo, Stephanie Roche rêverait de faire partie du Top 3 pour pouvoir rencontrer son idole, qui figurera à coup sûr parmi les finalistes du Ballon d'Or, lors de la cérémonie à Zurich. «C'est un honneur d'être nommée parmi ces joueurs et d'être la seule femme. J'espère que les gens vont voter pour moi et que j'irai à la cérémonie. Le rêve deviendra réalité.»