France-Suisse n’arrive que dans trois semaines, c’est entendu. Mais puisqu’on est en France, puisque Federer est là –il est allé taper quelques balles sur un court du Ministère de Bercy réservé aux entraînements mardi- et puisqu’il se coltine un joueur du pays, autant l’habituer tout de suite à perdre contre un Français, non? Posée dans ces termes exacts, la question a bien fait rire Jérémy Chardy, préposé au chantier au deuxième tour du tournoi parisien. «Je vais essayer de le battre, on est d’accord, mais pour lui la Coupe Davis c’est encore loin. Il a de gros objectifs ici, puis aux Masters, il peut redevenir numéro 1 mondial. C’est quelqu’un qui l’habitude d’avoir des grands rendez-vous, il n’est pas encore dans sa finale».

«C’est sûr que si un Français peut le mettre sur la touche…»

Quand même, ce serait-y pas l’opportunité de marquer les esprits avant Lille, d’autant que Chardy joue plutôt chaleur en ce moment (demi-finale à Valence) et qu’il a déjà dégommé «Rodgeur » plus tôt dans la saison à Rome, alors que le Suisse fêtait encore sa nouvelle paternité? «C’est sûr que si un Français peut le mettre sur la touche à un mois de la finale, ce serait pas mal, acquiesce Arnaud Di Pasquale, le DTN du tennis français. Mais bon, quand on voit l’état de forme de Federer, et les objectifs qui sont les siens… Jérémy joue bien en ce moment c’est sûr et on ira tous voir ce match qui nous intéresse, mais il ne faut pas le voir comme un premier round de la finale. Il ne faut pas rêver, si "Rodgeur" devait perdre, je ne crois pas que ça ait une influence quelconque sur une finale de Coupe Davis que Federer attend depuis le début de sa carrière». Soit. A défaut, pourquoi donc est-ce que le public de Bercy n’en profiterait pas pour faire mentir Gilles Simon, lequel a avoué craindre que les spectateurs chanceux du stade Pierre Mauroy de Lille «ne respectent un peu trop Federer» pour tout ce qu’il représente?

«Une grosse partie du public sera derrière Federer»

Le risque existe, concède «Coyote», le joueur de Djembé le plus connu de Paris, ardent supporter des Bleus. «Moi-même, je ne devrais pas le dire, mais si Rodgeur devait gagner cette Coupe ça me plairait assez ! Mais attention, ça ne veut pas dire que le central ne sera pas à fond derrière Jérémy. Je me souviens de l’exploit de Julien Benneteau contre Federer il y a quelques années [2009]. Il y avait une ambiance du tonnerre et le public avait vraiment poussé derrière Julien». Une hypothèse à laquelle ne croit guère Chardy, pour qui la carotte de la Coupe Davis ne fonctionnera pas plus à Paris qu’à Lille. «Les gens adorent "Rodgeur" et son jeu, c’est pour ça qu’ils le soutiennent n’importe où dans le monde. J’aurai plus d’encouragements ici qu’ailleurs, mais je pense qu’une grosse partie du public sera derrière lui.» Cela vaut quand même le coup de vérifier.