Football: Raymond Domenech enchaîne les tacles dans son nouveau livre
FOOTBALL•Dans cet abécédaire, il parle du foot, sa passion, son premier ballon, ceux qui y jouent, ceux qui gravitent autour...N.C. avec AFP
Anelka, Zahia, les consultants «insultants» ou sa nostalgie des Espoirs: Raymond Domenech se livre à nouveau dans «Mon dico passionné du foot», qui paraît mercredi, son second ouvrage après «Tout seul», gros succès en librairie. Ce livre, sorti en novembre 2012 et vendu à près de 200.000 exemplaires, concernait ses années de sélectionneur des Bleus (2004-10), avec pour épicentre la fameuse grève de Knysna. Dans l'abécédaire qui paraît également chez Flammarion, Domenech parle du «reste», c'est à dire le foot, sa passion, son premier ballon, ceux qui y jouent, ceux qui gravitent autour.
L'homme a gardé le goût du tacle et certains passages feront le buzz. Comme quand il évoque José Mourinho: «c'est le problème des traducteurs (ancien métier du «Mou»), ils finissent par se persuader d'avoir écrit le texte eux-mêmes». Mais le livre comporte aussi confessions et regrets. «Aurais-je été plus heureux sans l'équipe de France? Oui, je le crois, en fait je me sentais bien avec les Espoirs», avoue-t-il. Entraînera-t-il à nouveau? Domenech dit l'ignorer, reconnaissant avoir «à plusieurs reprises refusé des propositions» ou avoir attendu «des coups de téléphone qui ne sont jamais venus».
Franck Ribéry «a fait supporter aux Bleus le poids de son mal être, de sa bêtise même, en Afrique du Sud»
Nicolas Anelka, figure centrale de «Tout seul», est ici évacué en «Docteur Jekyll et Mister Hyde». D'autres sont égratignés. Franck Ribéry «a fait supporter aux Bleus le poids de son mal être, de sa bêtise même, en Afrique du Sud et après, mais Monsieur, depuis, fait la tête parce qu'il voulait être Ballon d'Or».
Domenech exonère Thierry Henry qui «a sacrifié son image (avec sa passe de la main) au profit de l'équipe de France» quand Zinédine Zidane a «sacrifié (d'un coup de tête) les chances de l'équipe de France au profit de son orgueil». David Luiz «dégage tout, sauf de la sécurité - et sauf le ballon parfois», écrit-il ailleurs, vantant en revanche Javier Mascherano, «le premier joueur que je recruterais». Enfin, Domenech s'est réconcilié avec Vikash Dhorasoo: «malgré» sa «paranoïa digne de celle d'un entraîneur» cet «homme est attachant».
«Avec les consultants (...) surtout les insultants, resurgit toujours le même problème: ils tiennent sur certains joueurs des propos qu'ils n'auraient jamais (...) supporté d'entendre à leur égard». Voilà qui fera parler dans les talk-shows. Les cibles? Christophe Dugarry, qu'il a entraîné en Espoirs - «il jouait selon ses envies, n'écoutait pas vraiment» - et Jean-Michel Larqué: «son surnom d'autrefois était "La Pleureuse", c'était vrai, d'ailleurs il continue». Il encense a contrario Raynald Denoueix: «limpide, positif, sans être ennuyeux».
Les «jeunes footballeurs français» ne «sont pas éduqués»
Domenech prend aussi de la hauteur. Zahia, la fameuse ex-escort qui fréquentait certains joueurs, «devenue riche et célèbre», est «la seule qui ait gagné quelque chose à cette opération de déballage peu ragoûtante. Les autres, tous les autres, ont perdu».
A la page E comme «Education», on lit d'abord que les «jeunes footballeurs français» ne «sont pas éduqués». Mais Domenech pointe les coupables, ces «messages subliminaux d'argent et de gloire» et ces clubs qui ferment les yeux. «Un joueur de 15 ans qui fait des bêtises et parle mal reste un produit» à vendre, qu'il convient de ne pas «froisser» sous peine de le voir partir «ailleurs» trop tôt.
Il n'est jamais trop tard pour apprendre. Consultant pour Europe 1 cet été au Brésil, Domenech a aussi découvert que les joueurs des Pays-Bas ont maintenu «un haut de niveau de performance» dans un hôtel ouvert en partie aux «clients ordinaires», avec un hall d'une «agitation permanente». Une leçon pour l'ex-chantre de la bunkérisation des Bleus.