Inde: Robert Pires, Goa et des éléphants, la vie de Grégory Arnolin, footballeur pro au pays du cricket
FOOTBALL•L'ancien joueur de Gijon raconte son quotidien dans l'Indian Super League, le tout nouveau championnat indien...Antoine Maes
«Je sais dire bonjour et merci». Grégory Arnolin ne maîtrise pas encore totalement l'hindi, mais à l'écouter, il est déjà sous le charme de l'Inde. Joueur du FC Goa, qui a perdu son premier match de l'Indian Super League mercredi soir, le Français raconte le quotidien d'un joueur pro dans un pays surtout fasciné par le cricket.
Quelles sont vos premières impressions sur le championnat indien?
Franchement c’est super bien organisé. Je viens du Portugal, et les conditions sont limites mieux. Hier [mercredi] par exemple, il y avait du monde, une superbe ambiance… Les spectateurs sont très proches des joueurs, très chaleureux. On perdait, mais ils nous ont poussés, c’est super.
Quel est le niveau des joueurs indiens?
Ils ont de la qualité. Mais ce qu’il manque par rapport à la France, l’Espagne ou le Portugal, c’est la formation. Techniquement, ils sont pas mal. Maintenant, il faut qu’ils apprennent les bases, comme la tactique. Ils ont envie d’apprendre, ils sont très à l’écoute. A l’heure actuelle, le foot en Inde, c’est comme un bébé qui essaie de marcher. Il va tomber, mais il va se relever, et apprendre. Petit à petit, ça va avancer et ça part sur de bonnes bases.
Vous jouez avec un certain Robert Pires (bientôt 41 ans)... Quel est son niveau?
C’est une crème. Super gars, super joueur, qui n'a pas la grosse tête. Je n’ai que des compliments à faire: il donne tout, il a envie de gagner, il n'est pas venu ici pour passer des vacances. Il pourrait jouer jusqu’à 50 ans! Il m’a surpris. Il fait encore la différence. Il n'a plus la même fraicheur, mais il se donne. Il n'a jamais fait un tacle de sa vie, et hier je l’ai vu en faire un! Je l’ai chambré… Il ne joue plus parce qu’il n’a plus envie. Mais il pourrait encore jouer en Ligue 1. Peut-être pas titulaire à part entière, mais il ferait du bien.
Vous étiez inquiet avant de partir?
Je ne vais pas mentir, j’en ai beaucoup parlé avec ma femme et mon entourage: quand on parle de l’Inde et du foot, on est un peu dans l’appréhension. On ne sait pas où on va mettre les pieds. Mais ça m’a surpris positivement. C’est beaucoup mieux que ce que je pensais, on se sent joueur de foot à part entière. C’est une très bonne expérience.
Vous jouez à Goa, et c'est une ville qui évoque plus des trips de hippies qu'un club de foot pro...
Goa c’est une très belle ville. Il y a la plage, mais ils adorent le foot. Les gens pensent que c’est surtout une destination de vacances. Moi, je suis à l’hôtel, dans un 5 étoiles. A côté de la plage. C’est un peu la routine. On s‘entraîne l’après-midi, on mange ensemble… Si j'ai le temps de faire du tourisme? Il y a 15 jours, on est allé voir des éléphants, on a pris un bain avec eux, c’était unique. La bouffe? La nourriture est super piquante, ils abusent même. J’ai mangé un truc, je me suis arraché la gueule. Après, si on demande au chef, il nous fait des repas plus européen. Ils font le maximum pour qu’on se sente bien.
Est-ce que ça vous donne envie de rester?
Si on me demande si je veux revenir, je reviens sans problème. Si j’avais su, je n’aurai pas réfléchi autant la 1ère fois. J’ai longuement hésité. J’ai des enfants, une femme, je suis plus en fin de carrière... J’ai pesé le pour et le contre. Mais je ne regrette pas.