TENNISAidons Julien Benneteau à vaincre la malédiction des dix finales perdues

Aidons Julien Benneteau à vaincre la malédiction des dix finales perdues

TENNISLe Français possède désormais le record absolu des défaites en finale d’un tournoi…
Antoine Maes

Antoine Maes

Sur le papier, c’est sûr, il est maudit. Dimanche à Kuala Lumpur, le Français Julien Benneteau s’est incliné pour la 10e fois de sa carrière en finale. A 32 ans, il n’a pas encore eu la joie de soulever un trophée et possède même un triste record jusque-là détenu par Cédric Pioline. A ce point-là, «c’est inévitable qu’il y ait un facteur psychologique», explique Cédric Quignon-Fleuret. Responsable de l’Unité de psychologie du sport à l’Insep, il livre quelques pistes pour tenter d’aider Benneteau à ne pas trop se braquer.

Ne pas devenir superstitieux. Non, personne n’a jeté un sort à Julien Benneteau. Donc ça ne servirait pas à grand-chose de tenter un exorcisme, ou de se construire tout un rituel de préparation. «Je rencontre beaucoup ça dans les sports de 1 contre 1, où vous avez un blocage face à tel adversaire. Si vous vous dites "j’ai la poisse", vous vous conditionnez, ça affecte déjà votre confiance par rapport à cet événement», prévient Cédric Quignon-Fleuret. Par ailleurs, le Français ne doit pas croire que tout va se régler en 15 minutes. «Logiquement, la question de la finale pour quelqu’un comme lui, elle ne doit pas être abordée la veille. Le travail psychologique se fait dans le temps. A l’Insep, nous pouvons accompagner les sportifs au niveau psychologique dès leur arrivée et en fonction de leurs besoins. Vous travaillez sur votre mental au fur et à mesure, au même titre que votre physique», remarque Cédric Quignon-Fleuret.

En parler (mais pas trop à la presse). C’est simplissime, mais Julien Benneteau ne doit pas refouler son interminable série de défaite. «Il ne doit pas être dans le tabou, si tant est qu'il en ai, il doit laisser les vraies angoisses émerger. C’est un travail qui peut être fait avec l’entraîneur. Le problème c’est que dans le sport, on a tellement l’habitude d’aborder les événements en confiance que ces doutes, on a toujours un peu de mal à les aborder», détaille Cédric Quignon-Fleuret. Quant au fait d’en parler dans les médias, il y a tout de même une marge: «Le faire systématiquement avec la presse, ça doit être très fatigant. Vous répétez les mêmes choses», souffle le psy de l’Insep.

Voir le bon côté des choses. Mine de rien, pour arriver à perdre 10 fois consécutives, Julien Benneteau a surtout dû s’y qualifier 10 fois. «On met plus en avant le fait qu’il ait encore perdu plutôt que le fait que c’est sa 10e finale en carrière. Ça vient un peu gommer tout ça, et c’est une forme d’injustice. Ce n’est pas un joueur qui se plante sans arrêt au 1er tour! Il doit rester dans une position positive, même si plus vous frôlez le succès, plus c’est dur», remarque Cédric Quignon-Fleuret. Quant à savoir si une victoire débloquerait totalement Julien Benneteau, le psychologue clinicien n’y croit pas trop. «Ce serait un soulagement, c’est évident. Mais généralement les sportifs se rappellent presque plus des matchs qu’ils ont perdus». Même quand il y en a 10?