INTERVIEWMondial de volley: «La France doit s’installer parmi les six meilleures nations»

Mondial de volley: «La France doit s’installer parmi les six meilleures nations»

INTERVIEWMauricio Paes évoque le match contre le Brésil mardi comme une «occasion unique» d’aller chercher le premier grand titre de l’histoire de l’équipe de France…
Bertrand Volpilhac

B.V.

Lui, «il a déjà gagné quoi qu’il se passe». Entraîneur brésilien de Tours, Mauricio Paes travaille pour le volley français depuis 1993 tout en aidant ponctuellement la sélection auriverde. Avant la demi-finale du championnat du monde entre la France et le Brésil samedi, l’ancien coach du Paris-Volley évoque cette «occasion unique» d’aller chercher le premier grand titre de l’histoire de l’équipe de France. Car «si la France gagne, c’est une reconnaissance du travail des techniciens français, du championnat français et de tous ceux qui y travaillent. On parle rarement de nous, et pourtant on fait des belles choses».

Le Brésil est triple champion du monde en titre. Les battre serait un exploit?
Je ne pense pas. Il y a les références mais il y a la réalité du terrain. Aujourd’hui, la France joue super bien. C’est vrai que le Brésil a une expérience assez impressionnante mais aujourd’hui ils produisent une qualité de jeu moindre. C’est une équipe en transition entre deux générations, dans un travail de rénovation. Il donne l’impression de dominer moins, aussi parce qu’il y a plus d’équipes de haut niveau, mais ils sont toujours là quand même. Ce sera un match très ouvert, mais sur ce qu’on a vu jusque-là, je vois la France favorite à 55-45.

Comment expliquer la soudaine progression des Bleus ?
La France a toujours eu des grands joueurs et des entraîneurs dont la qualité est enviée. Malgré les grosses personnalités, la jeunesse de certains joueurs, le sélectionneur Laurent Tillie a réussi à créer une harmonie pour que ça fonctionne. Ça se passe bien sur le terrain et en dehors.

C’est la meilleure équipe de France que vous ayez vue?
C’est peut-être celle qui est la plus complète. La France a eu des joueurs comme Granvorka, Capet, Henno, Antiga, connus partout dans le monde et avec des palmarès incroyables qu’on ne retrouve pas forcément ici. Et malgré cela, il y a un équilibre dans cette équipe, une dimension physique impressionnante au centre, un banc de touche d’une telle qualité… Tout ça ensemble me fait penser que c’est l’équipe française la mieux préparée. Elle a un collectif très fort avec un jeu très léché.

Est-ce un coup d’un soir où la France a-t-elle le potentiel pour réitérer une telle performance aux JO?
C’est toute la difficulté de la France depuis des années. C’est un pays qui a toujours fourni de très grands joueurs mais qui a toujours eu du mal à confirmer ses performances, comme après 2002 (3e du mondial), 2006 (finaliste de la Ligue mondiale) ou 2009 (finaliste de l’Euro). L’année prochaine, il faut confirmer en Ligue mondiale et aller chercher un podium. Pareil aux JO en 2016. La France doit s’installer durablement parmi les six grandes nations qui sont toujours-là avec l’Italie, la Russie, le Brésil, les Etats-Unis et disons la Pologne. Technicité, puissance, sens du jeu: il y a tout pour réussir.

Ces championnats du monde sont aussi une belle vitrine pour le volley français plus globalement…
C’est sûr qu’on ne peut louper des occasions comme celles-là. Tout doit suivre, que ce soit avec la fédération et les clubs pour qu’on ne rate pas ça, qu’on puisse surfer sur cette vague. Il faut réussir à vendre cette qualité de jeu. Le volley est un sport extrêmement important dans le monde, on a une place à conquérir en France. Si la France gagne, c’est une reconnaissance du travail des techniciens français, du championnat français et de tous ceux qui y travaillent. On parle rarement de nous, et pourtant on fait des belles choses.