Coupe Davis: Choisir la surface pour recevoir les Suisses est-il vraiment un avantage?
TENNIS•Les réglements internationaux ne permettent plus de «jouer» sur le revêtement pour mettre en difficulté Federer et Wawrinka…Julien Laloye
Il reste une dizaine de jours avant de cacheter l’enveloppe, et pour le moment, tout le monde reste d'une prudence de sioux sur le sujet. «Ce n’est pas que je ne veux rien vous dire, mais je n’ai pas d’éléments supplémentaires à vous donner», évacue Arnaud Clément. Pourtant, ça doit bouillir dans la tête du capitaine –et de ses joueurs- pour se décider sur LA surface qui permettra d’enquiquiner la dream team suisse en finale de la Coupe Davis fin novembre, à Lille ou ailleurs. Dans les limites de la fourberie juridiquement acceptable, cela va sans dire.
«Des surfaces qui existaient nulle part ailleurs»
Il faudra par exemple oublier les lattes de bois des Paraguayens dans les années 80. «C’était une surface qui n’existait plus dans aucun pays du monde, se souvient Jean-Paul Loth, capitaine de Coupe Davis piégé à Asuncion avec Noah et Leconte. Ce n’était même pas le problème du bois, c’est qu’il était vitrifié! Le rebond fusait tellement, c’était impossible de retourner un service. Et je ne vous raconte pas les glissades». C’est l’époque du traquenard bon enfant, de l’herbe mal coupée en Inde et des terres battues plus lentes qu’un escargot au repos en Europe de l’Est.
Depuis, la fédération internationale a serré la vis. «Elle a décidé de mettre de l’ordre quand j’ai choisi de porter plainte, raconte Loth. Ca concernait la surface, mais aussi les horaires du match, ou les manifestations du public. L’idée, c’était de ne plus se retrouver sur un court injouable». Tant pis, donc, pour les défenseurs acharnés de l’avantage maison. Maintenant, c’est gazon, terre battue, dur plus ou moins rapide, sur un revêtement utilisé dans trois tournois dans l’année minimum, avec fabricant agréé par l’ITF.
«Ne plus se retrouver sur un court injouable»
Cela n’empêche pas les petits malins de tenter leur chance. Les Etats-Unis, par exemple, qui ont fait le coup de la patinoire aux Espagnols à Austin en 2011, préparée par un petit artisan local inconnu des radars. La plainte n’a rien donné, les Ibères ont gagné, et personne n’a insisté. Djokovic, non plus, après avoir frôlé la triple entorse avec la Serbie sur la brique pilée de terre battue posée à même le parquet du Spiroudrome de Charleroi.
«Ils n’avaient aucune chance de battre les Serbes, donc ils avaient sans doute fait exprès d’installer une grosse merde, répond tout en diplomatie à Rue 89 Bruno Slastan, responsable de l’entretien des courts à la FFT. «On peut répondre à des demandes spéciales, rendre le court plus lent, plus rapide, mais la différence sera plus psychologique qu’autre chose». Surtout, elle ne devrait pas suffire à battre un Federer au sommet de son art.