Ligue Europa: Pour Stéphane Carnot, Guingamp «montre que même les petits peuvent vivre de grands moments»
FOOTBALL•L'ancien milieu de terrain de Guingamp Stéphane Carnot, qui a joué la coupe de l'UEFA avec le club des Côtes d'Armor en 1996, partage ses souvenirs...Propos recueillis par Nicolas Camus
L'Europe s'invite dans une petite ville de 7.500 habitants. Vainqueur de la coupe de France en mai dernier, Guingamp s'apprête à faire son entrée en Ligue Europa, ce jeudi, sur le terrain de la Fiorentina. C'est la troisième fois que le club des Côtes d'Armor s'offre les honneurs des matchs de milieu de semaine après 2009 et surtout 1996, quand le club, à peine monté dans l'élite, avait défié le grand Inter Milan en 32e de finale de la coupe de l'UEFA. A l'époque, le maître à jouer de l'équipe se nommait Stéphane Carnot. Aujourd'hui responsable du recrutement, il raconte ses souvenirs et sa fierté de voir son «petit» club évoluer à ce niveau.
Que représente la coupe d’Europe pour un club comme Guingamp?
C’est déjà la récompense de notre très bon parcours en coupe de France la saison dernière. Et la possibilité avec ces six matchs qui nous attendent de faire progresser tout le monde, les joueurs comme le club en général. C’est une compétition super sympa à jouer. On la prend avec beaucoup d’envie et de plaisir, et l’ambition d’y faire quelque chose.
Qu’est-ce que vous vous dites quand vous jouez en coupe d’Europe? Qu’une fois de temps en temps, c’est déjà bien, ou que vous voudriez grandir et la jouer plus régulièrement?
Franchement, c’est compliqué de se dire, quand on est Guingamp, qu’on va être régulièrement européen. Ce n’est pas manquer d’ambitions que de dire que rester en première division tous les ans est déjà une belle performance. Pour un club comme le nôtre, c’est très compliqué d’avoir de bons résultats sur la durée.
C’est une fierté de montrer qu’avec peu de moyens on peut y prendre part et représenter la France?
Oui c’est sûr. Comme nous, pas mal de clubs peuvent aspirer à ça grâce à la coupe de France. Même si au bout on retrouve souvent de grands clubs de Ligue 1, on est bien placés pour savoir que des plus petits clubs peuvent réussir. Un club qui termine 4e du championnat paraît plus armé pour réussir la saison suivante en Europe, mais tout est possible. On est là, on n’a rien volé. On rentre dans un mini-championnat de six matchs, on verra. Ça va être un grand grand plaisir en tout cas.
Ça va être l'effervescence dans la ville?
Là, c'est à l'extérieur, mais les trois jeudis où on jouera chez nous [la première fois contre le PAOK, le 2 octobre], c'est sûr qu'on va sentir ce parfum particulier et cet engouement en ville. D’autant plus que les supporters de nos trois adversaires sont assez chauds. Ça va faire de l’animation ! Pour une fois qu’on ne sera pas devant notre télé à regarder les autres jouer, ça va être plutôt sympa.
Quels souvenirs gardez-vous de la première campagne européenne, en 1996, achevée contre l’Inter Milan?
C’était à la fin de notre toute première année en première division. On était montés de national en D2, puis de D2 en D1. On finit 10e et on joue l’intertoto. On arrive à sortir et c’est qu’après au tirage au sort en 32e de finale tout le monde voulait tomber sur nous. On était clairement la plus petite équipe. Et on tombe sur l’Inter. Je me souviens qu’au moins 2.000 ou 3.000 personnes étaient allées les voir à l’entraînement la veille. C’était un événement exceptionnel pour Guingamp.
Comment les Italiens avaient abordé ce match? Ils ne se demandaient pas où ils étaient tombés?
Non, ils ne nous ont pas pris de haut. L’entraîneur, Roy Hogson, se méfait de nous quand même. Au final la logique a été respectée, même si pendant une bonne heure il n’y avait qu’une équipe sur le terrain, et c’était Guingamp. On avait eu tellement d’occasions... Et des vraies, pas des frappes de 30 mètres! Rien qu’à la mi-temps, on aurait dû mener par au moins deux buts d’écart. Mais c’est eux qui menaient 1-0. Ça reste quand même un grand souvenir. Et puis ça montre que même les petits peuvent vivre des moments comme ça. En travaillant beaucoup et, surtout, de la bonne manière.