FOOTBALLVIDEO. Football: Le Brésil sanctionne le racisme en excluant un club d'une compétition

VIDEO. Football: Le Brésil sanctionne le racisme en excluant un club d'une compétition

FOOTBALLUn groupe de supporteurs du Gremio avaient proféré des insultes racistes et lancé des cris de singe en direction du gardien de but noir de Santos, Aranha...
Aranha, le gardien du club brésilien de Santos, essaie d'attirer l'attention de l'arbitre sur les insultes racistes qui volent de la part des supporters du Gremio, le 28 août 2014.
Aranha, le gardien du club brésilien de Santos, essaie d'attirer l'attention de l'arbitre sur les insultes racistes qui volent de la part des supporters du Gremio, le 28 août 2014. - capture youtube
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Face à la multiplication des insultes racistes dans les stades de football, la justice sportive brésilienne a fait mercredi un exemple en excluant pour la première fois un club de compétition, vraisemblablement une première mondiale.

Le Tribunal supérieur de la justice sportive (TSJD) a exclu de la Coupe du Brésil le club Gremio de Porto Alegre, à la suite d'incidents racistes dans son stade, le 28 août en 8e finale aller de la compétition face au club de Santos. La décision a été prise à l'unanimité et le Gremio, entraîné par l'ex-sélectionneur national Felipe Scolari, va interjeter appel, a indiqué un porte-parole à l'AFP.



Un groupe de supporteurs du Gremio avaient proféré des insultes racistes et lancé des cris de singe en direction du gardien de but noir de Santos, Aranha, qui, visiblement révolté, avait tenté à grands gestes d'attirer l'attention de l'arbitre. Des images montrant très distinctement une supportrice du Gremio hurlant à de nombreuses reprises «Macaco!» (singe en portugais) à son intention ont tourné en boucle sur les télévisions et les réseaux sociaux, suscitant une vague d'indignation dans le pays.

La jeune femme, qui encourt des poursuites judiciaires, a été entendue par la police et licenciée par son employeur. En plus de son exclusion, le tribunal sportif a infligé au Gremio une amende de 50.000 réais (environ 16.000 euros). Les supporteurs identifiés comme ceux ayant proféré ces insultes ont en outre été interdits de stades pendant deux ans.

« Grêmio é excluído da Copa do Brasil após atos racistas http://t.co/MwOTtOfTq4 pic.twitter.com/zrPpzxEg7f — VEJA (@VEJA) September 3, 2014 »



Les insultes racistes, cris de singes et autres jets de bananes dans les stades de football, courants en Europe et en Amérique latine, sont généralement sanctionnés par des amendes infligées aux clubs ou des sanctions les contraignant à jouer à huis clos. L'AFP n'a en revanche pas trouvé trace de précédents d'un club exclu d'une compétition pour ce genre de comportement. Mais elle n'a pu confirmer immédiatement auprès de la Fédération internationale de football (Fifa) que la décision brésilienne constituait un précédent historique dans le monde.

Le club français du Paris Saint-Germain avait été exclu de la Coupe de la ligue 2008-2009 pour sa complaisance envers une banderole insultante pour les «Ch'tis», les habitants du nord de la France, déployée par des supporteurs parisiens lors de la finale de cette compétition contre le Racing Club de Lens. Mais la Ligue française de football (LFP) n'avait pas formellement retenu la connotation raciste.

Au Brésil, «le racisme dans les stades est de plus en plus courant»

La Fifa lance régulièrement des campagnes contre le racisme, comme lors du Mondial au Brésil cet été. Mais certains joueurs noirs ou métis victimes de ces comportements réclament, jusqu'à présent en vain, des santions beaucoup plus lourdes et dissuasives. Le milieu de terrain ivoirien Yaya Touré a même suggéré un boycottage du Mondial-2018 en Russie après avoir été la cible d'insultes racistes lors d'un match disputé à Moscou.

Au Brésil, dont les moitié des 200 millions d'habitants ont des origines africaines, «le racisme dans les stades est une chose de plus en plus courante», a expliqué à l'AFP, Marcos Guterman, auteur du livre «Le football explique le Brésil».

«Ce n'est pas aussi grave qu'en Europe mais c'est en train de devenir une plaie», a déploré ce spécialiste, saluant la «fermeté» de la justice sportive contre le Gremio.