Tour de France 2014: Vincenzo Nibali «ne s'attendait pas à un tel écart» avec Contador
CYCLISME•L’Italien a frappé fort en distançant tous les autres favoris sur les pavés du Nord…Julien Laloye
Vincenzo Nibali n’est pas qu’un roi de l’attaque à tout va. C’est aussi un roi de l’esbroufe. Des semaines qu’il joue le rôle du troisième homme sur l’air bien connu du «Moi favori? Vous n’y pensez pas sérieusement. Allez plutôt voir Christopher [Froome] et Alberto [Contador]». Le grimpeur italien, maillot jaune par hasard après son finish de feu à Sheffield, en avait même rajouté une couche avant les neuf secteurs pavés au programme de l’étape Ypres-Arenberg. «Les pavés? Vous n’y pensez pas sérieusement, je n’ai jamais couru dessus». C’est heureux, vu ses prédispositions naturelles à matraquer le bitume craquelé du Nord.
«Je ne m'attendais pas à un tel écart»
Mercredi, Nibali a déchaîné la tempête à Pont Thibault, juste avant la fin du 2e secteur pavé. Il pleuvait, il ventait, ils se gelaient, et Froome avait déjà mis pied à terre, écœuré par une troisième chute en deux jours. Contador, qui s’y voyait déjà, n’était pas si mal, distancé de quelques secondes par la tête du peloton. Quelques secondes de trop. Nibali, fidèle à son tempérament offensif, envoyait tout Astana rouler, aidé par ses alliés du jour, dont Sagan et Cancellara, pour un résultat immense. Deux minutes d’avance sur tous les favoris, et même un peu plus sur Contador (2’27’’).
«Il se trouvait au bon endroit au bon moment», peste l’Espagnol, pas très beau joueur sur le coup. Car le coup en question était drôlement bien étudié. Nibali, qui rêvait de gagner Paris-Roubaix quand il était ado, avait demandé à Peter Van Petegem ses conseils d’ancien vainqueur en avril, lors d’une reconnaissance poussée: «J’ai suivi ses recommandations sur les trajectoires, j’ai fait très attention. Et puis je dois remercier mes coéquipiers. Jakob (Fuglsang) a été exceptionnel avec moi. Les conditions étaient difficiles, je ne pensais pas qu'il y aurait autant d'écart». Ni qu'il pourrait distancer Cancellara himself pour jouer la victoire d’étape (presque) jusqu’au bout.
«Il va falloir aller le chercher avec l’avance qu’il a»
«Même s’il a gagné des grands Tours, Nibali a démontré que c’était un vrai grand leader sur cette étape, reconnaît Christophe Moreau, l’ancien leader de Festina. Alberto Contador est un coureur porté sur l’offensive, mais il va falloir aller le chercher avec l’avance prise aujourd’hui sur les pavés. Ce qu’il a gagné sur cette journée peut être plus décisif que sur l’ensemble des étapes de montagne.» Où Nibali ne se débrouille pas trop mal non plus, soit dit en passant.