Coupe du monde 2014: Question popularité, les Bleus ont tout gagné
FOOTBALL•Grâce à une communication intelligence, l’équipe de France a su renouer avec son public…B.V. à Ribeirao Preto et F.P au Bourget
De nos envoyés spéciaux à Rio et au Bourget,
C’était la dernière étape à négocier pour terminer correctement le travail. Arrivés au Bourget dimanche en début d’après-midi, les Bleus ont clos leur Coupe du monde par un bain de foule sur le sol français. Cinq minutes d’autographes, des sourires, quelques photos: c’est plutôt réussi. Comme la Coupe du monde, en fait. Satisfaisante mais pas flamboyante. Pour cette équipe, l’essentiel était de toute façon autre part. Trainée dans la boue pendant des années, détestée par son propre pays, elle a su prolonger au Brésil l’enthousiasme populaire créé par la qualification en barrage face à l’Ukraine, en novembre. Aujourd’hui, on ne se cache plus pour aimer l’équipe de France.
Grâce à une communication verrouillée et presque sans fausse note, un coach emblématique et une vraie ouverture sur l’extérieur, les Bleus ont reconquis leurs fans. «C’est leur attitude qui me rend fier d’eux, explique Christophe, venu de l’Eure pour partager un peu avec eux au Bourget. Je leur devais bien ça. L’état d’esprit était bon pendant ce Mondial, on sort la tête haute.» Mamadou Sakho n’aurait presque pas dit mieux: «Le public français a ressenti que l'équipe a tout donné, résume le défenseur de Liverpool. On a joué avec le cœur, on a donné le maximum, on s’est arraché jusqu’au bout.»
Des audiences extraordinaires
Et s’ils n’en ont pas toujours eu conscience du Brésil, les Bleus ont soulevé une vraie ferveur au pays. Chacun de leur match ont explosé les audiences, particulièrement le quart de finale, qui a réuni en moyenne 17 millions de français devant leur télévision, «un record historique pour une retransmission sportive non diffusée en prime-time», explique la chaîne. «Les spectateurs ont eu des émotions, ont vibré comme nous à travers ce qu’ont fait les joueurs, se satisfait Didier Deschamps. A une époque, on a souffert d’un manque d’amour. Là, on a senti un engouement. C’est quelque chose d’indispensable pour se sublimer.»
A deux ans d’un Euro qu’elle organisera à la maison, la Fédération a aussi réussi un pari vital. Lancée sur de bons rails et désormais purifiée d’un passé douloureux, l’équipe de France (et le foot en général, d’ailleurs) sera «bankable» lorsque tous les yeux seront tournés vers elle, en 2016. La présence de nombreux supporters français au Brésil en est une preuve suffisante. «Il y a eu énormément d’engouement et on a fait ce qu’il fallait pour attirer les Français derrière nous, conclut le capitaine Hugo Lloris. Maintenant, il faut continuer sur cette dynamique.» Car s’ils n’ont mis que huit mois à transformer positivement leur image, les Bleus savent que tout peut s’écrouler en beaucoup moins.