FOOTBALLMondial 2014: Ce qu’il manque encore à l'équipe de France

Mondial 2014: Ce qu’il manque encore à l'équipe de France

FOOTBALLPour espérer faire partie des toutes meilleures nations au monde…
B.V. à Rio

B.V. à Rio

De notre envoyé spécial à Rio (Brésil),

Quand la déception se sera un peu atténuée, que les regrets auront laissé place à la fierté, les Bleus se rendront compte que depuis deux ans, ils ont réalisés des progrès colossaux. Dans les huit meilleures nations mondiales, une place loin d’être usurpée, la France doit maintenant passer un nouveau cap pour espérer remporter chez elle l’Euro, en 2016. Pour l’instant, voilà ce qu’il lui manque.

De la maturité

C’est une double évidence. «Aucun de chez nous n’avait joué de quart de finale de Coupe du monde avant», explique Benzema. Et, en même temps, c’est en jouant qu’on acquiert de l’expérience. Ces Bleus étaient encore un peu trop tendres pour rêver de gloire. Dans deux ans, après cette douloureuse expérience et avec plus de vie commune, ils auront moins la boule au ventre au moment d’entrer sur le terrain, ce qui a pu expliquer une certaine «crispation en début de match» face à l’Allemagne, comme décrivait Laurent Koscielny. Peut-être que Pogba ne commettra pas cette faute bête à 30 mètres qui amène le but d’Hummels? Peut-être sauront-ils mieux gérer leur effort pour ne pas être cuits physiquement dans le dernier quart d’heure du match le plus important? Ces tous petits rien qui changent tout. «L’Allemagne est une habituée de ces grands rendez-vous, qui a cette expérience supplémentaire qui aide dans des matchs très serrés», résumait Deschamps à la fin de la rencontre. En 2016, ses Bleus ne seront plus tout à fait des bleus.

Un match winner

On a beaucoup entendu dire que l’absence de Ribéry était une chance pour l’équipe de France. Face à l’Allemagne, il a indéniablement manqué. Que ce soit par sa vitesse, sa percussion, où sa capacité à être décisif. La France manque encore d’un «match winner», d’un homme capable de changer le destin d’un match à lui tout seul. On pensait Karim Benzema capable de le faire. Il l’a en partie fait en début de tournoi, mais pas quand il le fallait vraiment. Il n’a pas raté son match face à l’Allemagne, mais il ne l’a pas réussi non plus, et c’est ce qu’on attend d’une star en quart de finale de Coupe du monde. En aura-t-il un jour les épaules? A part lui, Valbuena est sans doute trop collectif pour endosser ce rôle, Griezmann trop jeune. Et même s’il est moins offensif, Paul Pogba est encore celui qui donne le plus l’impression de pouvoir tout changer sur un éclair de génie. Mais rien ne dit que Ribéry ne reviendra pas…

Un peu de profondeur de banc

Les blessures de Franck Ribéry et Clément Grenier n’y ont rien arrangé. L’absence de Nasri non plus. Face à l’Allemagne, Didier Deschamps a semblé un peu à court d'options. Car sur son banc, il n’avait pas de joueur capable de faire de vraies différences. Sur cette Coupe du monde, si l’on enlève le match presque pour du beurre contre l’Equateur, «DD» a grosso modo tourné sur les 14 mêmes joueurs. Contrairement à l’Allemagne ou l’Espagne, dont le réservoir semble sans fin, la France ne possède pas 23, voire 30 cadors. Et ce n’est pas faire injure que de dire que les très talentueux Cabella ou Schneiderlin n’étaient pas prêts pour renverser un quart de finale de Coupe du monde.

De la confiance en soi

Ils ont beau répéter que le plan était de ne rien changer à leur jeu, les Français ont démarré la rencontre face à l’Allemagne étrangement bas. Comme une équipe apeurée, trop respectueuse de l’adversaire. Pour se rendre compte, trop tard, «qu’ils n’avaient rien à lui envier». De l’aveu de Benzema, les Bleus n’ont «peut-être pas assez tenté». De quoi rappeler une phrase célèbre d’Aimé Jacquet, un soir de demi-finale de Coupe du monde: «Vous avez peur de qui? Peur de quoi?» Se rendre compte de sa force, assumer ses ambitions, ce n’est pas forcément de l’arrogance. Sur ce qu’elle a montré, l’équipe de France avait le niveau pour aller plus loin. Il ne lui a pas manqué grand-chose. Peut-être un peu de confiance en elle-même. En 2016, elle ne sera plus la bonne surprise que personne n’attendait. Elle sera l’une de favorite de son Euro. Et elle devra faire avec.