Mondial 2014: Les joueurs brésiliens ont-ils trop froid à l'entraînement?
FOOTBALL•Le centre d’entraînement de la Seleção fait face à un climat très différent de celui des villes-hôtes de la Coupe du monde…Corentin Chauvel
De notre envoyé spécial à Teresopolis
Et si c’était le froid qui paralysait les joueurs brésiliens? Aucun camp de base de la Coupe du monde ne peut refléter parfaitement les différents climats connus par les équipes au cours de la compétition, mais le Brésil est la seule sélection à s’entraîner dans des conditions climatiques bien éloignées des villes où elle évolue à chaque rencontre.
Granja Comary, le «Clairefontaine» brésilien, se situe dans la région montagneuse de Rio de Janeiro, où le thermomètre varie entre 10 et une vingtaine de degrés durant l’hiver. Cette semaine, le temps était plutôt beau, mais la Seleção a aussi connu des jours bien plus frais et pluvieux. Vendredi, c’est à Fortaleza, dans le Nordeste, qu’elle affrontera la Colombie, avec environ 10 degrés de plus qu’à Teresopolis. C’est là même que le Brésil avait affronté le Mexique en poule avec, à l’époque, 20 degrés de différence.
«Le meilleur centre d’entraînement au monde»
Si, à la Confédération brésilienne de football (CBF), on assure que «c’est le meilleur centre d’entraînement au monde, le climat est excellent», on est plus sceptique du côté des observateurs. «Il y a des jours où on mourait de froid», tremble un journaliste qui suit l’équipe du Brésil. «Je trouve cela contradictoire de se préparer en altitude dans un lieu qui ne reflète pas du tout le climat du reste du Brésil alors que les autres équipes sont dans des endroits plus compatibles», souligne pour sa part une supportrice brésilienne. «En plus les matchs ont lieu l’après-midi, quand il fait le plus chaud, mais j’imagine que les joueurs ont dû s’y habituer?» s’interroge-t-elle.
Les joueurs tiennent le même discours que leur Confédération, sans aucune crainte de cette fraîcheur, même si on a senti Neymar et Thiago Silva pas forcément ravis mardi avec leur petit bonnet et leurs mains rentrées dans les manches. Evitant de se plaindre, le gardien brésilien Julio César a lui évoqué quelques limites: «Je préfère jouer quand il fait chaud, parce que le froid n’est pas idéal pour mon poste, je passe beaucoup de temps arrêté et j’ai alors besoin de rester constamment en mouvement pour me réchauffer. Mais on se protège bien avec de la vitamine C et des suppléments alimentaires pour éviter de se blesser.»
Granja Comary, un plan B
Le refus farouche d’abandonner le centre technique national brésilien, construit en 1987, réside assurément dans les cinq millions d’euros investis avant le Mondial pour sa complète rénovation. Le site brésilien Terra rappelle qu’il s’agit d’ailleurs d’un plan B. En 2010, la CBF avait eu l’idée de construire un nouveau centre d’entraînement à Rio, mais le terrain n’a pas été libéré à temps. Un autre à São Paulo a été évoqué, mais la commission technique de la CBF, avec notamment Luiz Felipe Scolari, le sélectionneur brésilien, à sa tête, a finalement opté pour la rénovation de Granja Comary où l’intimité est mieux respectée. Le climat, lui, n’a pas changé.
Selon le physiologiste Turibio Leite de Barros, interrogé par Terra, ce choc thermique pourrait poser des problèmes sur le long terme pour la Seleção. «Ce n’est assurément pas l’idéal, le siège de la CBF à Teresopolis a toujours été un motif de critiques. Ces contrastes de températures peuvent être préjudiciables pour les joueurs en les rendant plus vulnérables», explique-t-il. «Le froid représente un risque plus important pour les lésions musculaires», selon lui. Du côté des supporters les plus fidèles de la Seleção, on fait fi de ces histoires de climat parce que «les Brésiliens ont le sang chaud». Seule une élimination face à la Colombie pourrait les refroidir définitivement.