Mondial 2014: Quand le Nigeria fait la grève
FOOTBALL•Les Super Eagles ont refusé de s’entraîner jeudi, a priori en raison de problèmes de primes…Antoine Maes
De notre envoyé spécial à Sao Paulo,
Il y a quatre ans, les Bleus avaient décidé de ne pas descendre du bus. En 2014, les Nigérians ont eux décidé de ne pas y monter. Alors qu’une séance d’entraînement était prévue jeudi soir à Campinas, le futur adversaire des Bleus en 8es de finale n’a jamais quitté son hôtel. Officiellement «parce que le coach a décidé de laisser une journée de repos aux joueurs», selon l’attaché de presse de la sélection. Officieusement parce que «le groupe refuse de reprendre l’entraînement tant que la prime de participation aux joueurs n’a pas été versée», selon un journaliste proche des Super Eagles.
Deux sons de cloche récoltés au terme d’une journée totalement ubuesque. Dans le lobby du Vitoria Hotel de Campinas, la première information qui circule dans la matinée est celle d’une séance à 15h30, reportée à 17h, puis à 18h, puis à…. jamais. A 17h30, le car de l’équipe ouvre pourtant enfin ses portes, les premiers sacs sont chargés, mais toujours aucun joueur ne monte. «Together we can win» dit la devise de la formation de Stephen Keshi. Et elle est de circonstance: à l’initiative de l’ancien marseillais Yobo, les joueurs et les dirigeants sont en en effet en pleine réunion de crise à ce moment là.
Un A/R du secrétaire général à Lagos pour aller chercher l'argent?
Pendant deux bonnes heures, aucune info ne filtre. Puis certains membres du staff sortent pour s’acheter des cigarettes. Ils sont pris d’assaut par les caméras. L’analyste vidéo du Nigeria jure ses grands dieux qu’il ne sait rien puis fixe les objectifs braqués sur lui et scande: «Do not quote me!» («Ne me citez pas!»). Alors que le bus est reparti se garer, que l’escorte policière est rentrée aux postes et que les lumières du stade Guarani se sont éteintes, l’attaché de presse, entre deux autographes (!), ose même un «c’est possible que l’on s’entraîne ce soir».
Selon une source proche de l’équipe, le problème est à la fois banal et sérieux. Les primes de participation aux matchs de poules n’ont pas été versées. Et avant de retourner sur le terrain, Vincent Enyeama et ses petits camarades veulent s’assurer de toucher leur dû. «Cela risque d’être très mal pris par les Nigérians au pays, remarque un journaliste qui suit les Super Eagles. Mais ça devrait se régler rapidement: le secrétaire général de la fédération est rentré à Lagos ce matin chercher l’argent». Et si ça se confirme, ça prend un peu plus de temps que de passer au distributeur du coin de la rue.