FOOTBALLVIDEOS. Coupe du monde 2014: «Goooooool…» : Pourquoi les commentateurs Sud-Américains sont-ils si fous?

VIDEOS. Coupe du monde 2014: «Goooooool…» : Pourquoi les commentateurs Sud-Américains sont-ils si fous?

FOOTBALLCes journalistes vivent les matchs d’une façon beaucoup plus passionnée qu’en Europe…
Antoine Maes

Antoine Maes

De notre envoyé spécial à São Paulo,

Un avion au décollage? Un concert de heavy-metal? Les 24H du Mans? Vu de France, difficile de trouver une comparaison adéquate pour qualifier les décibels produits par les commentateurs sud-américains pendant la Coupe du monde. Qu’ils soient Chiliens, Brésiliens, Colombiens, Uruguayens ou Argentins, le style varie peu: un débit ultra-rapide, un lyrisme à toute épreuve, et une marque de fabrique qui vaut pour tout le sous-continent, le fameux «Gooooooooooool» qui ponctue tous les buts.

Les buts d’Uruguay-Angleterre à la radio uruguayenne (Carlos Munoz):



«En Uruguay, 98% de la population est supportrice du Penarol et de la sélection. On commente pour eux, comme si c’était eux au micro. En essayant de séparer le cœur et la raison. Moi par exemple, j’ai été très critique avec le sélectionneur, Oscar Tabarez», raconte Mauricio Marinelli de Radio Internacional, basée à Montevideo. Malgré son 1m90, ses 120 kilos, et son paquet de cigarettes quotidien, il a tenu l’antenne de 13h à 21h le jour d’Uruguay-Angleterre.

Il faut dire qu’au pays de Luis Suarez, on a l’école la plus fameuse d’Amérique Latine, celle qui a enfanté le légendaire Victor Hugo Morales, l’homme qui a commenté le slalom de Maradona contre l’Angleterre 1986. A ce jour, le plus beau morceau de bravoure de l’histoire du commentaire sportif, ponctué d’un inoubliable «cerf-volant cosmique, de quelle planète viens-tu?».



Impossible de trouver un point de comparaison avec les commentateurs européens. En Amérique du Sud, on n’abuse assez peu du consultant, pour le moment. Mais les rôles sont parfaitement délimités entre deux métiers censés être différents.

D’un côté le «Relator» (littéralement le «raconteur»), qui anime le match et qui est souvent le plus enflammé. De l’autre le «Comentarista», toujours journaliste, et censé apporter recul et analyse. «La vérité c’est qu’à la base on est tous «hinchas» (supporters passionnés), parce qu’on a ça dans le sang, et qu’à la fin on ne sait plus qui fait quoi», s’amuse Sergio Gorz, de la télévision Oeta TV.

«La vérité c’est qu’à la base on est tous Hinchas»

En direct, que ce soit à la radio ou à la télé, les auditeurs ou les spectateurs peuvent aussi être surpris par une chose: le «Relator» déclame lui même des publicités à l’antenne, en plein match que ce soit pour de la bière ou des sodas, aussi bien à la radio qu’à la télévision. Un peu comme si Christian Jeanpierre vous vanter les mérites d’une lessive entre deux phases de jeu.

Reste une énigme: comment font-ils pour que leurs voix tiennent le coup pendant un mois? «C’est vrai qu’avec les changements de températures par exemple, ça peut être dangereux. Mais à Sete Lagoas, où il y a le bunker de l’équipe uruguayenne, on nous a conseillé le cristal de gingembre. Et c’est parfait pour prendre soin de sa voix», raconte Mauricio Marinelli. D’ailleurs, il a encore bien poussé l’organe contre les Anglais.

>> A lire sur le même sujet, l’interview de Bruno Salomon, le Français qui fait aussi des «Goooooool»