TENNISRoland-Garros 2014: «Gulbis ne mérite pas sa mauvaise réputation», selon son entraîneur

Roland-Garros 2014: «Gulbis ne mérite pas sa mauvaise réputation», selon son entraîneur

TENNISGunther Bresnik, l’ancien entraîneur de Boris Becker dresse un portrait élogieux du Letton avant son quart de finale face à Berdych…
Julien Laloye

Julien Laloye

De notre envoyé spécial à Roland-Garros

On a à peu près tout dit et tout écrit sur Ernests Gulbis. Qu’il gâchait son talent, qu’il était meilleur en interview que sur le court, qu’il était misogyne, et même qu’il trouvait rafraîchissant de passer une nuit en prison pour apprendre un peu la vie. En revanche, peu ont souligné la transformation du Letton sous les ordres de Günter Bresnik, l’ancien entraîneur de Boris Becker, qui raconte sa méthode pour gérer les états d’âme du 17e joueur mondial.

Racontez-nous le jour où Gulbis vous a demandé de devenir son entraîneur..

Il m’a demandé si je pouvais venir faire une semaine avec lui parce qu’il était un peu déçu de son niveau de jeu à l’époque. C’était en avril 2012. On a fait quelques entraînements ensemble et je pense que ça lui a plu. Deux mois après on a signé pour que notre collaboration soit définitive.

Vous n’avez jamais hésité à le prendre en charge?

Pas du tout (sourires). Je connais Ernests depuis longtemps. Je le regardais jouer quand il était junior, il devait avoir 16 ans. Gérer le garçon ne me fait pas peur. Enfin pas plus qu’il ne devrait avoir peur de moi s’il ne fait pas ce que je lui dis!

Il n’a pourtant pas la réputation d’être très assidu au travail…

Quand je l’ai pris, il n’aimait pas s’entraîner, ce n’était pas son truc, c’est vrai. Mais je crois qu’il a appris à aimer. L’an passé on a fait un stage très dur à Tenerife, c’était deux semaines intenses, et il n’a rien dit. C’est un gars fantastique qui ne mérite pas sa mauvaise réputation.

Il n’a jamais tenté de sécher un entraînement avec vous?

Il a le droit de sécher l’entraînement, je ne l’en empêche pas. Mais s’il le fait, je m’en vais et j’arrête de m’occuper de lui! Il le sait, je n’ai pas besoin de lui dire. Si un joueur ne croit pas en lui, de toute façon ça ne sert à rien d’être tout le temps derrière, il n’atteindra pas ses objectifs. Rentrer dans le top 10, ça dépend d’Ernests, pas de moi. Et il a décidé qu’il ferait tout pour y parvenir.

Etes-vous fier de la manière dont il a battu Federer?

Je ne suis pas son père donc je ne dirais pas que je suis fier de lui, mais je suis satisfait de voir que ces mois de travail ont payé. Quand le joueur qu’on entraîne fait ce qu’il doit faire en Grand Chelem contre le meilleur joueur de l’histoire du tennis, il y a de quoi être content. Ce sera dur de revivre une expérience aussi jouissive.

N’existe-t-il pas un risque de décompression après une telle performance?

Il est encore très concentré sur le tournoi. Bien sûr, il était ravi d’avoir battu Federer, mais je crois qu’il a compris que ça ne devait pas être un accomplissement. Il n’a pas fait la fête après sa victoire (rires)! On a suivi la même routine que d’habitude. On est allé dîner ensemble avec Dominik (Thiem) et Ernets est allé se coucher plutôt d’habitude parce qu’il était fatigué par son match.

Vous pensez qu’il peut gagner ce Roland-Garros?

Dés qu’on a commencé à travailler ensemble, je lui ai dit que pour moi sa taille, son physique, et sa façon de jouer devraient lui permettre de remporter un Grand Chelem un jour, et de faire partie des quatre ou cinq meilleurs joueurs du monde. Il s’en approche.