Didier Deschamps a beau s’en méfier, les réseaux sociaux seront au cœur de la Coupe du monde. Spécialiste des stratégies digitales à l’université de Caen, Boris Helleu explique leur impact sur le Mondial brésilien et le rôle qu’ils peuvent jouer au sein des Bleus.

La Coupe du monde 2014 sera-t-elle la première où les réseaux sociaux joueront un rôle aussi important?

Oui. En 2010, les médias sociaux n’avaient pas atteint leur ampleur actuelle. La bascule a eu lieu aux Jeux olympiques de Londres en 2012. On a pris la mesure de ce que pouvaient faire les athlètes, les fédérations, les fans et les médias avec ces outils. Depuis, c’est devenu la norme de voir une partie de l’événement digitalisée, comme pour la finale de la Ligue des champions ou pour le Superbowl. La Fifa n’a pas encore connu ça mais elle a déjà intégré cette dimension. Elle va mettre en valeur le contenu produit par les fans tout en sensibilisant les fédérations à adopter un usage raisonné des réseaux sociaux.

La méfiance de Didier Deschamps envers les réseaux sociaux est-elle logique?

C’était une façon d’asseoir son autorité sur le groupe. Le contrôle total consisterait à bannir les portables et on voit bien que ça n’est pas tenable. J’ai du mal à identifier les limites de ce que souhaite Didier Deschamps. Les joueurs sont suffisamment responsabilisés ou encadrés par des pros de la communication. En 2010, les joueurs n’auraient pas twitté sur l’affaire Anelka. Il y a eu assez de mauvais exemples pour qu’ils comprennent que leur activité digitale impacte leur équipe. Ils sont capables de s’auto-modérer.

Ça peut représenter un risque?

Le plus dangereux n’est pas le tweet, c’est la fuite d’informations. Un joueur qui s’ennuie et qui va communiquer anonymement ses états d’âme à un journaliste, c’est bien plus dangereux qu’un selfie.

C’est un problème de génération?

Didier Deschamps est un excellent communiquant mais dans une logique classique, devant la presse où il vient délivrer un message. Il est très médiatique là où les joueurs sont très médias 2.0. Il y a une forme d’appréhension d’Internet en France et il y a peut-être une différence entre ces deux générations.