Ca arrive une fois par siècle avec de la chance et pour l’Espagne, c’est cette année que ça tombe. Samedi, le vainqueur de la rencontre entre Barcelone et l’Atlético Madrid remportera la Liga. Enfin ça vaut surtout pour le Barça, puisque les Colchoneros n’ont besoin que d’un nul pour être champions d’Espagne.

Un match sec, comme une finale de playoffs, entre les deux premiers de la saison régulière. Ca ne vous rappelle rien? Lyon-Lens, 2002: c’est bien ça. Philippe Violeau, milieu de terrain de l’OL à l’époque, se souvient: «Jouer le titre sur ce match, le premier contre le deuxième, ça ne s’était jamais vu. On était dans un état d’esprit très conquérant d’autant plus qu’on revenait vraiment de loin».

«La dynamique de victoire est importante»

Un peu comme le Barça, encore aux fraises il y a quinze jours. L’institution était en deuil pour la mort de Vilanova, Messi était fini, Martino le pire entraîneur de l’histoire de la Catalogne, et le club n’avait plus le droit de recruter. Et puis l’Atlético s’est pris les pieds dans le tapis, comme le Real, tous les deux trop occupés à ferrailler en Ligue des champions. «La dynamique de victoire est nécessaire dans ces cas-là, reprend Violeau. Nous on enchaînait les victoires, on était gonflés à bloc avant de jouer Lens.»

En Espagne, la fameuse dynamique est plus confuse. L’Atlético a pour lui une saison qui l’a vu repousser toutes les limites et qui peut encore se conclure par un doublé Liga-C1 incroyable. Le Barça celle du survivant qu’on attendait plus, qui a envie de ramener un dernier trophée pour boucler un cycle de victoires jamais vu dans l’histoire du foot moderne.

«Considérer ce titre à sa juste valeur»

Autant s’en référer, alors, à l’opposition de styles. Cinq fois, le Barça et l’Atlético se sont affrontés cette saison. Cinq fois les Catalans ont buté sur la défense tout terrain de Simeone, seulement prise à défaut par Neymar, incertain pour samedi. L’avantage de Barcelone? Jouer cette finale au Camp Nou, devant ses supporters. «Jouer à domicile ce genre de match c’est un atout indéniable, confirme Violeau. Dans ce contexte si particulier, se dire qu’on allait fêter le titre devant nos supporters qui attendaient cela depuis longtemps, ça a tout changé.»

A Barcelone, le public est un peu plus blasé. Mais Carlos Puyol, dont ce sera la dernière avant la retraite (en tribunes), fait confiance aux socios pour se mettre eux aussi à la hauteur de l’événement. «Cela a été une saison très délicate, concède le capitaine historique du Barça, mais j’ai passé des années ici sans savoir ce que gagner un championnat voulait dire. Il faut gagner ce titre et le considérer à sa juste valeur.»