Helena Costa coach de Clermont: «Il n’y aura pas de révolution», assure Jacques Salze, joueur du club
FOOTBALL – La Portugaise est la première femme à entrainer une équipe professionnelle en France…Antoine Maes
Ils ont appris la nouvelle mercredi matin, avant l’entraînement. Après Régis Brouard, Clermont sera entraîné la saison prochaine par la Portugaise Helena Costa (36 ans), soit la première femme à ce poste en France, voire en Europe. Jacques Salze, défenseur auvergnat depuis cinq ans, raconte comment il voit cette collaboration inédite.
Que vous inspire le fait d’être entraîné l’an prochain par une femme?
Rien de spécial, ce sera un coach comme un autre. J’espère que ça va changer les mœurs et les coutumes de tout le monde. Mais à Clermont, on a la particularité d’avoir une fille dans le staff médical, comme kiné. Du coup on est habitué à une présence féminine dans le vestiaire.
Le vestiaire se pose-t-il des questions?
Forcément, oui. Mais moi la question que je me pose c’est si elle nous connaît, si elle connaît les joueurs, l’équipe qu’elle va diriger la saison prochaine. Après il y a des vidéos, elle se fera une idée. Et puis elle sera encadrée et conseillée par les gens en place, du coup je pense que ça l’aidera à s’intégrer.
Pour vous, c’est un coup de pub ou un choix réfléchi?
On a confiance en notre président. Je ne sais pas si vous le connaissez, mais il est assez atypique. Le foot ce n’est pas son domaine, il est très intelligent, du coup il délègue beaucoup. Il sait ce qu’il fait, il ne fait pas tout n’importe comment. S’il a pris une fille, c’est que c’est bien de faire évoluer les mœurs là-dessus, mais aussi et d’abord parce qu’elle est compétente.
Question bête: comment pensez-vous gérer le fait de vous faire remonter les bretelles par une femme?
Si ça ne passe pas avec certains ils n’auront pas le choix. Notre coach c’est l’autorité. C’est comme vous avec votre patron, on est obligé de le ou la respecter. L’approche sera la même. Même si ça fera peut être bizarre à certains, moi ça ne me dérange pas. Il n’y aura pas de révolution. C’est une femme, mais c’est un coach, et ça restera un coach. Je ne connais pas son caractère, si elle est sanguine, si elle est réfléchie… On va apprendre à se connaître.
Question bête encore: comment voyez-vous la cohabitation, dans le vestiaire?
Nous on a déjà une kiné, elle nous voit en caleçon toute la journée. C’est déjà particulier! Il n’y en a pas beaucoup dans le monde pro. Donc une ou deux, ça ne change pas grand-chose. Après quand on prendra notre douche je ne pense pas qu’elle sera là, il y aura peut-être une certaine distance par rapport à ça.
Helena Costa est jeune, peu ou pas connue… ça vous interpelle?
On connait notre président… Il a bien réfléchi avant de prendre cette décision. Il a appelé deux ou trois joueurs dont moi en nous disant qu’il fallait qu’on respecte son choix et qu’on lui fasse confiance. Ça fait cinq ans que je suis ici, on se maintient chaque année. Avec des petits moyens il arrive à faire des choses très correctes.