Ski handisport: Solène Jambaqué ne veut pas «faire une vilaine vieille»
La Pyrénéenne, multi-médaillée mondiale et paralympique, arrête sa carrière internationale à 25 ans…Nicolas Stival
Huit médailles paralympiques, dont deux en or, neuf breloques mondiales. Solène Jambaqué affiche un formidable palmarès, que la skieuse de Peyragudes n’enrichira plus. La double médaillée de Sotchi (argent en Super-G, bronze en géant), hémiplégique, dispute actuellement les championnats de France à Auron (Alpes-Maritimes). Mais elle renonce au plus haut niveau à cause d’un genou martyrisé.
25 ans, c’est jeune pour prendre sa retraite, même sportive…
J’ai déjà été opérée trois fois des ligaments croisés du genou droit, du côté de l’hémiplégie. Cela a lâché de nouveau l’an dernier, et nous avons pris la décision de ne pas opérer. Seulement, le genou s’est dérobé, ce qui a luxé le ménisque. J’ai dû subir une intervention chirurgicale fin janvier (cinq semaines avant le début des Jeux de Sotchi).
D’où la décision d’arrêter.
Mon genou a déjà le double de mon âge. Je ne veux pas faire une vilaine vieille. J’ai commencé ma carrière très jeune, voici 11 ans, et j’ai envie maintenant de passer à une vie un peu plus normale.
Malgré votre opération du ménisque, vous avez rajouté deux médailles paralympiques à votre palmarès, en Russie. Cela vous a-t-il surpris?
Ces médailles, je ne sais pas d’où je les ai sorties (sourire). Je pensais avoir un gros mental, mais je me suis impressionnée.
Comment allez-vous vous reconvertir?
Je suis kiné depuis juin 2013. Depuis octobre, j’officie comme remplaçante dans un cabinet de Luchon (Haute-Garonne). J’ai comme projet de m’installer au Pays basque ou dans les Landes, pour me rapprocher de l’océan.
Allez-vous continuer à skier?
Oui, cela reste un plaisir que je n’arrêterai pas. Je disputerai peut-être d’autres championnats de France. Mais le niveau international, c’est fini. Il faut vraiment que je diminue la charge de travail sur mon genou.
Avez-vous senti monter l’engouement pour le handisport au cours de votre carrière?
Oui, clairement. Il y avait pas mal de journalistes à Sotchi, ce qui n’était pas le cas voici huit ans à Turin, alors que l’Italie est toute proche. En rentrant de Russie, il y a eu beaucoup de retombées. Nous avons fait des plateaux télé et sommes intervenus sur des radios à Paris. Sur une aire de retour à Narbonne, un monsieur m’a demandé de prendre une photo avec lui et m’a félicité pour mes deux médailles. Cela ne m’était jamais arrivé!
La relève, c’est Marie Bochet, quadruple championne paralympique à Sotchi…
Il y a toujours eu du respect entre nous. Elle sait les résultats que j’ai eus. Je l’ai accompagnée lorsqu’elle a débuté. Bon, elle commence à largement me dépasser (sourire), mais nous sommes amies depuis toujours.