AS Monaco: Que va devenir Eric Abidal?
FOOTBALL•Le mouvement d’humeur du défenseur monégasque face à Lille symbolise sa mauvaise passe actuelle à trois mois de la Coupe du monde…Julien Laloye
On a évité le drame de justesse, lundi à Monaco. Eric Abidal, rentré bouder chez lui la veille après avoir appris sa mise à l’écart face à Lille, s’est levé du bon pied. Direction La Turbie, pour présenter ses excuses à Claudio Ranieri et à ses coéquipiers. L’entraîneur italien, qui s’était fâché tout rouge dimanche, l’a joué grand seigneur. «Je ne suis pas rancunier. Mais ses excuses étaient indispensables. Si tu veux quelque chose, tu dois souffir, je ne fais de cadeaux à personne.» Même pas à Abidal, capitaine de l’ASM, dont le retour à haut niveau l’été dernier en a bluffé plus d’un. 24 journées disputées de rang, et puis plus rien depuis un mois.
«Il doit se dire que la Coupe du monde lui échappe»
«Ca peut expliquer sa réaction, avance l’ex-international Manuel Amoros. Il doit se dire que la Coupe du monde lui échappe, que la fin de carrière est proche, c’est dur à accepter.» Une hospitalisation forcée à cause d’une grippe tenace, au moment où les Bleus s’amusaient contre les Pays-Bas, a renforcé la sensation que le défenseur français le plus régulier de la dernière décennie incarnait davantage un passé plus ou moins glorieux qu’un futur prometteur. Didier Deschamps, qui avait fait le choix de rappeler l’ancien barcelonais l’été dernier, a observé une prudente réserve lors d’une interview programmée de longue date avec France Info. «Je ne suis pas Ranieri, mon rôle n’est pas de juger. N’importe quel joueur peut avoir ce genre d’histoire avec son club.»
Le sélectionneur n’a pas clarifié non plus si c’est Abidal lui-même qui avait décidé de faire l’impasse sur les Pays-Bas, comme l’a affirmé le finaliste du Mondial 2006 a posteriori: «J’étais au courant de cette non sélection, puisque j'ai parlé directement avec le sélectionneur et je lui ai expliqué que je n'étais pas en condition pour être performant.» En se donnant le beau rôle, Abidal donne ainsi l’impression de maîtriser l’agenda. Sauf que son temps de jeu famélique en mars ne vas pas dans le sens d’un joueur qui se préserve pour la dernière grande échéance de sa carrière. «Une fois que Monaco aura assuré la Ligue des champions, le président va recruter dans ce secteur, assure Amoros. Eric est encore un très bon défenseur de L1, mais il doit sentir que ça va être compliqué d’être un premier choix l’an prochain.»
«N’importe que joueur peut avoir ce genre d’histoire»
Officiellement, Abidal a envie de repartir pour un an, et l’ASM n’a rien contre. En vérité, le club penserait surtout à faire de l’international français son ambassadeur officiel. Et tant pis s’il doit serrer le banc d’ici là. «Eric peut choisir sa sortie. Je ne pense pas qu’il doive s’accrocher à tout prix. L’avenir de la défense tricolore, ce n’est pas lui. Il faut savoir ne pas faire l’année de trop.» Cela vaut aussi pour une Coupe du monde.