Handball/Philippe Gardent: «Les donneurs de leçons, ça ne m'intéresse pas»
HANDBALL•Le PSG de Gardent dispute les huitièmes de finale de la Ligue des champions samedi…Propos recueillis par Romain Baheux
Il est l’homme qui doit former une machine de guerre européenne. En charge du PSG Handball depuis un an et demi, Philippe Gardent évoque son quotidien d’entraîneur du club champion de France à 20 Minutes avant le huitième de finale aller de Ligue des champions contre Velenje samedi.
Vous retrouvez la Ligue des champions après avoir fini deuxième de votre poule derrière Barcelone. L’objectif est-il toujours de se qualifier pour le Final Four?
On en a envie mais on sait que cette mission sera extrêmement difficile. Le huitième de finale est compliqué mais à notre portée. En quart de finale, on sait déjà que l’on jouera un cador européen dans tous les cas. Il faut rester ambitieux, on se doit de viser ce Final Four. On serait déçus de ne pas y parvenir mais si on tombe en huitième, là ça serait un échec.
Qu’est-ce que le PSG a de moins que les meilleures équipes du continent?
A chaque fois, ces histoires d’équipes «galactiques» me font rire. Je peux comprendre que l’on nous donne ce surnom mais dans ce cas, il y en a un paquet des «galactiques». Il nous manque une culture collective, on a à peine six mois de Ligue des champions. Quand on se compare aux gros, c’est beaucoup plus court. Nous, on écrit la préface de notre bouquin-là alors qu’eux l’ont déjà bien avancé.
Comprenez-vous ce sentiment d’insatisfaction autour de vos prestations?
Oui. Je comprends que ça râle quand on nous voit deuxième du championnat mais on ne se satisfait pas de ça non plus. L’attente est légitime mais le championnat est difficile et l’intégration des recrues est plus difficile que la saison dernière. L’an dernier, la répartition des rôles était plus simple: on avait Dinart en défense, Hansen en attaque et en termes de leadership, c’était tout. Là, c’est plus difficile.
Pourquoi?
Ils apprennent à se connaître, ils se reniflent. Il y a beaucoup de respect entre eux mais ce serait un peu mieux pour le groupe qu’ils se bousculent de temps en temps. C’est là où on voit une équipe: ce n’est pas parce que l’on va reprocher quelque chose à quelqu’un qu’on ne l’aime. Pour l’instant, on n’a pas véritablement un mec qui prend les clés du camion. Je pensais que ça allait se dessiner un peu plus vite.
Comment vivez-vous les rumeurs autour de votre éventuel remplacement?
Je n’avais pas encore signé mon contrat qu’on annonçait déjà mon successeur. J’ai eu tous les entraîneurs du monde annoncés à ma place la saison dernière, j’ai tous ceux de la galaxie cette année. Il faut vivre avec et on verra le résultat à la fin. Maintenant, les donneurs de leçons comme Olivier Girault, qui a entraîné deux ans dans sa vie et qui a réussi le miracle de faire descendre Paris en deuxième division, ça ne m’intéresse pas.
Souhaitez-vous toujours entraîner Paris la saison prochaine?
Oui, et j’aimerais bien y rester le plus longtemps possible.
Les critiques des consultants vous atteignent?
Certains, je prends et j’écoute ce qu’ils disent. Après, recevoir des leçons de mecs qui n’ont pas entraîné ou ont fait n’importe quoi quand ils étaient en poste… Je m’en isole. Il faut pouvoir se mettre de temps en temps dans sa grotte pour pouvoir travailler. J’ai appris à le faire. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas écouter mais j’ai suffisamment d’amis pour discuter de tout cela.
Ils sont plus nombreux depuis votre arrivée au PSG?
Je m’en suis fait plein de nouveaux mais il faut avoir la lucidité de prendre du recul là-dessus aussi. Par contre, tu fais de merveilleuses rencontres. On m’a beaucoup tiré dessus mais j’ai trouvé que le club avait été très solidaire avec le staff. Les dirigeants m’ont bien soutenu, contrairement à ce qu’on peut croire. On se fait aussi beaucoup d’ennemis parce que l’on crée de la jalousie. Tout le monde pense pouvoir être à ma place. La seule différence, c’est que moi j’y suis mais qu’eux, ils n’y sont pas.
Thierry Omeyer et William Accambray seront-ils au PSG la saison prochaine?
William fait partie des joueurs que l’on regarde. On a le départ de [José Manuel] Sierra à gérer donc on regarde les gardiens et quand on regarde les gardiens, on se penche sur Thierry Omeyer. Comme on a mis tous les noms pour me remplacer, on nous voit aussi recruter le monde entier. Mais on regarde ce qui est possible avec eux, et d’autres.