Sotchi 2014: Chutes, dopage, records et météo... Le bilan non officiel des JO
JEUX OLYMPIQUES•Après deux semaines d’épreuves en tout genre, il faut bien tirer le rideau...J.L. et R.S.
De nos envoyés spéciaux à Sotchi (Russie),
L’image: Les biathlètes ukrainiennes du relais. Alors que le sang coule dans les rues de Kiev, les relayeuses ont décroché la première médaille d’or olympique du pays depuis le titre d'Oksana Baiul à Lillehammer en 1994, la patineuse à tunique rose avec un boa. Sous les yeux de Sergei Bubka, ému aux larmes, elles ont dédié cette victoire à leur peuple, leur nation, qu’elles rêvent de voir de nouveau unie. Comme dans un relais de biathlon.
Le chiffre: 32, comme le nombre de médailles des Russes (dont 12 d'or), premiers au classement. Pas si mal pour une nation qui visait modestement un top 5 à domicile. Après une première semaine poussive, ils ont fini en trombe pour doubler la Norvège et le Canada, leurs poursuivants. Les trois titres de An en short-track et la goinfrade en patinage artistique y sont pour beaucoup. Seule ombre au tableau, la défaite des hockeyeurs en quart contre la Finlande. Un mini drame national.
La déception: Shaun White. Alors qu’il visait son troisième titre d’affilée, le roi de la demi-lune s’est éclipsé. Trop de risques, trop d’ambition, trop de bruit pour rien. La star des arabesques en snowboard termine au pied du podium de son épreuve fétiche, quelques jours après avoir renoncé au slopestyle, l’une des nouvelles épreuves des JO. Mauvais calcul.
La chute: Maria Komissarova. C’est l’accident grave de ces Jeux, intervenu lors d’un entraînement du skicross. Sur le tracé de l’Extrême Park, la Russe a mal maîtrisé un enchaînement de bosses, se brisant la colonne vertébrale. Opérée avec succès, elle a suscité l’émoi de tout un pays, y compris Vladimir Poutine qui a pris soin de se faire photographier à son chevet.
Le record: Ole Einar Bjoerndalen est désormais seul au monde avec ses 13 médailles olympiques. A 40 ans, le biathlète norvégien a réussi à égaler, puis dépasser le fondeur Bjorn Daehlie, puis en raflant deux médailles d’or (sprint et relais mixte). Il met donc fin à une moisson entamée il y a 16 ans à Nagano. Tous Jeux confondus, le vétéran reste tout de même à distance de Michael Phelps et ses 22 podiums.
La razzia: 24 médailles dont 8 titres. Les Pays-Bas s’en sortent pas mal pour un pays sans montagne et sans neige. Mais en misant tous leurs jetons sur une seule discipline, le patinage de vitesse, ils terminent ces Jeux à la cinquième place du tableau des médailles. Oui, devant l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche et la France.
La polémique: Le vedict des juges sur les compétitions de patinage artistique n’a une nouvelle fois pas convaincu grand-monde à Sotchi. Cette fois, c’est la victoire de la Russe Adelina Sotnikova aux dépens de la Coréenne Yuna Kim qui a scandalisé l’opinion. Même une pétition signée par près de 2 millions de personnes n’y a rien fait.
La phrase: «Tout a été fait pour qu’on se sente bien ici, c’est super». Voilà ce que les athlètes ont répété en boucle tout au long de cette quinzaine. Si le comité d’organisation n’avait pas tout fini à temps, notamment les hôtels des journalistes, il n’avait pas menti. Ces JO étaient prévus pour les athlètes, et de ce point de vue-là, c’est une réussite.
Le couac: Si le dopage n’a pas défrayé la chronique à Sotchi, ils sont tout de même quatre à avoir été rattrapés par la patrouille, des seconds couteaux pour la plupart. Le Letton Vitalijs Pavlovs (hockey), l’Allemande Evi Sachenbacher (biathlon), l’Italien Frullani (bobsleigh) et l’Ukrainienne Lisogor (ski de fond).
L’incongruité: Des palmiers, la mer à portée de baignade, des athlètes en tee-shirts au moment de démarrer leur compétition, les JO d’hiver ont passé un nouveau cap à Sotchi. En fait, c’est la première fois qu’ils ont lieu dans une ville qui pourrait aussi accueillir les Jeux d’été si elle le désirait. C’est peut-être d’ailleurs en projet dans l’esprit de Poutine.
Le traitre: En 2006 à Turin, An Hyun-soo avait remporté trois médailles en short-track pour la Corée, En 2014, Victor An, le même homme, a fait encore mieux en ramenant quatre breloques à la Russie après une naturalisation express ordonnée en haut lieu par Moscou. Voilà une immigration choisie qui a porté ses fruits.