Sotchi 2014: La France peut-elle surfer sur la vague du freestyle?
JEUX OLYMPIQUES•Avec cinq médailles, les nouvelles disciplines ont pesé lourd dans le bilan de la délégation française..Romain Scotto
De notre envoyé spécial à Sotchi (Russie)
Qu’ils dévalent des pistes sur un surf ou des skis, entre des piquets ou sur des bosses, la tête à l’envers ou les pieds sur terre, tous refusent d’évoquer une quelconque guéguerre en équipe de France où la bannière «espritbleu» fait office de signe de ralliement. Pourtant à l’heure des bilans, les comparaisons s’imposent entre les départements alpins, nordiques et freestyle de la fédération. Pour une fois, toutes les spécialités ont eu leur dose de métal, de champagne, et d’embrassades.
Mais la bonne surprise de ces Jeux vient bien des disciplines freestyle, encore méconnues du grand public. Alors qu’ils visaient trois à quatre médailles en débarquant à Socthi, la petite troupe repart avec cinq podiums dont deux titres (Vaultier en snowboardcross et Chapuis en skicross), soit la moitié de l’or récolté par la France. Sans elle, la délégation serait loin de ses ambitions affichées (15 podiums) et sortirait du top 10 au classement des médailles.
«Les clubs de ski alpins sont trop ski alpin»
Pour Grégory Guénet, l’entraîneur du ski half-pipe, cette moisson doit faire évoluer les mentalités dans un pays très « traditionnaliste » en matière de sports d’hiver. «Pour l’instant, la France n’a pas la culture X-Games. On a dû se l’approprier en allant la chercher à l’étranger, commente le coach de Kevin Rolland (bronze) et Marie Martinod (argent), également entraîneur de club. Pour lui, la demande existe chez les enfants dans les stations. Mais les clubs ne seraient pas encore structurés pour les accueillir. «Les clubs de ski alpins sont trop ski alpin. On ne propose pas d’accès au ski free-style. Donc beaucoup de gamins se débrouillent de leur côté. C’est un sport qui fait peur aux parents et quand les enfants ne sont pas encadrés on ne les laisse pas faire.»
Pour y remédier, Fabien Bertrand, directeur du développement du freestyle à la fédération a quelques idées. Actuellement, il est encore difficile de chiffrer le nombre de pratiquants dans ces disciplines. «Peut-être à 2 à 3% des skieurs.» Pour les attirer dans le giron fédéral, une licence «snowpark» devrait être lancée l’année prochaine. L’objectif étant de structurer les entraînements pour guider les meilleurs vers le collectif du haut niveau. Mais sans concurrencer l’alpin, qui sera «toujours la discipline numéro 1 en France car c’est la base technique de toutes les disciplines», admet le promoteur.
Structures privées
Pour l’instant, plusieurs groupes d’entraînement fonctionnent en marge du système, avec des sponsors privés, comme le Team Freeski project des skieurs half-pipe. «Parce qu’il n’y avait rien à notre disposition à l’époque», précise leur entraîneur. Fabien Bertrand souhaite aussi obtenir une petite rallonge des ressources allouées par la FFS. Une nécessité pour rivaliser à l’avenir avec une nation comme le Canada, au budget sx à sept fois supérieur. Le bilan de la France à Pyeongchang dans quatre ans pourrait bien en dépendre.