De notre envoyé spécial à Sotchi,

Il y a d’abord eu le feuilleton «C’est l’été à Sotchi» avec les témpératures presque estivales et les skieurs de nordique sans manches. Place désormais à l’épisode 2 «On n’y voit pas à un mètre» dans les montagnes de Krasnaya Polyana. Tombé dimanche soir sans crier gare, le brouillard a déjà conduit à l’annulation de deux épreuves lundi. Et si la météo locale annonce une amélioration mardi, les Jeux sont déjà tout chamboulés

Une neige «pourrie» à remplacer

A l’Extreme Park de Rosa Khutor, où les épreuves de snowboard cross hommes ont été annulées après plusieurs heures de tergiversation, c’est surtout la visibilité qui était en cause. «La piste était bonne mais on ne voyait même pas le premier module depuis les plots de départ», explique Nicolas Conte, le coach des Bleus. De l’autre côté de la montagne, sur le site du biathlon, non seulement on n’y voit moins bien qu’une taupe astygmate, mais surtout la qualité de la neige commence à en pâtir. «Vous avez un fond de neige qui semble dur, puis au moment de s’appuyer dessus, on s’enfonce de 20cm à cause de l’humidité. C’est la culbute assurée», résume Stéphane Bouthiaux, entraîneur au biathlon. Très tôt lundi matin, les chasse-neige se sont mis en branle pour enlever la couche pourrie en question et la remplacer par de la neige artificielle. «Le problème, c’est de la faire tenir. Mais tout le monde fait un boulot fou pour rendre la piste praticable.»

Des athlètes à reconditionner

Martin Fourcade, qui a déjà réussi ses Jeux, ne s’en offusquera pas trop. Mais les reports successifs commencent à agacer sérieusement staffs, coachs et biathlètes, obligés de se préparer pour rien deux fois depuis dimanche. «Ils se sont levés à 6h45 ce matin, c’est un autre rythme, déplore Bouthiaux. A chaque fois, il faut refaire la conditionnement mental, ce n’est évident pour personne. Là, ils en ont marre des briefings, on va juste leur annoncer les nouveaux horaires et puis basta.» Surtout que les Fourcade et Beatrix ne peuvent même pas s’entraîner sur la piste, fermée jusqu’à nouvel ordre. «Il n’y a aucune possibilité de skier. Les garçons vont aller trottiner et faire une demi-heure de vélo, il n’y a rien d’autre à faire.» Chez les surfeurs, on préfère positiver, vu les problèmes physiques de Paul-Henri De Le Rue et de Pierre Vaultier. «Ça leur fait un jour de récupération en plus, c’est toujours bon à prendre», selon Nicolas Conte.

Des épreuves à reprogrammer

Pour l’instant, seulement deux épreuves ont été reportées à plus tard: le 15km départ en ligne des hommes en biathlon ainsi que le snowboard cross masculin. Mais le saut acrobatique en ski freestyle, le saut à skis, et le 12,5km départ en ligne de biathlon féminin devraient suivre. «La région se trouve entre deux perturbations, explique Michel Dalloz, spécialiste à Météo France. Lundi, c’est un phénomène de nuages bas, normal à cette altitude, qui draine de l’humidité. Cela devrait durer toute la journée. Et mardi, une autre perturbation arrive avec de la pluie le matin. Je ne suis pas sur place, mais ça va être compliqué de skier avant le début d’après-midi.» Ça devrait donc être bon pour le biathlon hommes, prévu à 11h30 (14h30 heure locale), à condition que tout le monde se mette d’accord. «On se réunit à plusieurs, détaille Bouthiaux. Il y a l’IBU (la Fédération international de biathlon) qui pense technique, le Comité d’organisation, le CIO… Chacun a sa façon de voir les choses.» Le retour du beau temps, annoncé pour mercredi, devrait soulager tout le monde.