Sotchi 2014: Les coéquipiers de Jason Lamy-Chappuis ont eu «mal au cœur» pour lui
COMBINE NORDIQUE•35e de l’épreuve sur petit tremplin, le champion olympique 2010 n’était pas lui-même selon ses partenaires de l’équipe de France…Romain Scotto
De notre envoyé spécial à Sotchi (Russie),
Plusieurs minutes après l’arrivée, Sébastien Lacroix peine encore à se remettre de la scène à laquelle il a assisté. Sur le parcours de fond de l’épreuve de combiné nordique, le Français a laissé sur place un adversaire qui d’ordinaire le supplante aisément. Croisé dans une sorte de toboggan naturel, c’est bien Jason Lamy-Chappuis qui était pourtant cloué à la piste. Presque à l’arrêt. «Quand je suis passé à côté de lui, la différence était monstrueuse. Ça m’a fait mal pour lui. Je me suis dit: "oh le pauvre". Là, c’était une descente où la relance ne joue pas. Ce n’est pas logique.»
Victime de problèmes de glisse, le porte-drapeau français a troqué son titre olympique contre une 35e place aux antipodes de ses ambitions. «J’ai eu mal au cœur pour lui», enchaîne Maxime Laheurte, ému aux larmes pour son collègue. Pour lui, JLC a eu un grand mérite de ne pas abandonner, malgré ce sentiment d’impuissance sur la piste. «On est là autour de lui. Ça m’a fait mal de le doubler et le voir comme ça. Mais il garde un petit sourire et il va de l’avant», enchaîne celui qui n’a pas l’habitude de terminer premier Français d’une course de combiné.
Trop de pression sur les épaules du porte-drapeau?
Présents aux côté de leur ami depuis leur arrivée à Sotchi, les trois coéquipiers de Lamy-Chappuis sur le relais n’avaient clairement rien vu venir. Ces derniers jours au village, le Français semblait détendu. Mais il n’est pas impossible que le porte-drapeau de la délégation ait caché ses états d'âme, souffle Sébastien Lacroix, encore abasourdi. « Je pense qu’il a laissé beaucoup d’émotions, poursuit François Braud, le quatrième de la bande. Il ne se rend pas compte, mais ça use.» Pour rebondir, Lamy-Chappuis doit maintenant attendre la deuxième course de ces Jeux, dans six jours, avec un saut sur le grand tremplin. Une épreuve où il devrait se relever, à l'orgueil, indique Anette, sa maman: «Ce ne sont pas des machines, ça peut arriver. Mais lui sait qu’on ne sera, quoi qu’il arrive, jamais déçus de lui.»