FOOTBALLBérengère Outrebon, épouse de footballeur: «les gens se représentent des femmes avec des sacs Louis-Vuitton, qui ne font rien de la journée»

Bérengère Outrebon, épouse de footballeur: «les gens se représentent des femmes avec des sacs Louis-Vuitton, qui ne font rien de la journée»

FOOTBALLLa jeune femme veut que les conjoints de sportifs de haut niveau s’entraident et lutte aussi contre les clichés…
Propos recueillis par Nicolas Stival

Propos recueillis par Nicolas Stival

Voici près d’un mois, Bérengère Outrebon a créé l’Association d’entraide des conjoints de sportifs de haut niveau (AECS), à but non lucratif. Epouse de Julien Outrebon, footballeur à Luzenac (National) et fille de l’ancien entraîneur Denis Troch (Laval, Le Havre, Amiens, Troyes, adjoint au PSG…), elle explique ses motivations.

Pourquoi avoir créé cette association?

J’ai fait une formation en coaching, préparation mentale et management, qui met l’accent sur le fait que chaque personne est différente. Au fur et à mesure de cette formation, je me suis rendu compte qu’à 28 ans, avoir déménagé 14 fois et avoir trois enfants, ce n’était pas commun.

Et ensuite?

Nous sommes arrivés à Toulouse cet été, car Julien a signé à Luzenac (le club ariégeois s’entraîne en banlieue toulousaine). Il fallait repartir de zéro, retrouver des amis. Je me suis dit: pourquoi ne pas créer une page Facebook pour les conjoints de sportifs, une page confidentielle où l’on entre par parrainage?

Cela a-t-il marché tout de suite?

J’ai invité 15 personnes au départ. Au bout d’une semaine, nous étions déjà 200. Là, nous en sommes à 280, uniquement par bouche-à-oreille. Une première personne a dit qu’elle déménageait à Clermont, qu’elle avait deux enfants, et qu’elle cherchait une baby-sitter. Une autre suivait son mari en Bulgarie. Elle était un peu inquiète. Cinq minutes plus tard, quelqu’un lui conseillait un ami habitant ce pays. On arrive tout nus, tout fragiles dans une région, mais on en connaît d’autres. Moi par exemple, je peux aider quelqu’un qui arrive sur Troyes, Strasbourg, la région parisienne, Laval ou Amiens.

Votre association se limite-t-elle aux femmes de footballeurs?

Non. Je veux que toutes les femmes ou maris de sportifs ou sportives de haut niveau sachent qu’il existe un endroit où l’on échange entre personnes qui vivent de façon un peu similaire, pour ne pas rester dans l’ombre. Nous aussi pouvons fonctionner en équipe. Même s’il y a des spécificités.

Lesquelles?

Un cycliste sur piste peut partir sept mois sur douze à l’étranger. Un cycliste sur route s’entraîne tous les jours en solo puis il rejoint des stages à 700 km de chez lui, sans parler des compétitions. Pour une femme de cycliste, c’est très dur de rencontrer les conjointes des coéquipiers de son mari, même si elle a souvent l’avantage de rester dans la même ville. Elle doit aussi se battre contre les préjugés sur le dopage. Pour les conjointes de footballeurs, les gens se représentent des femmes avec des sacs Louis-Vuitton, qui ne font rien de la journée et n’ont pas à se plaindre.

Justement, travaillez-vous?

Oui. Je m’occupe de la partie administrative de la société H-CORT Performance, gérée par Denis Troch et spécialisée dans la préparation mentale et le management. Mon père travaille avec des cyclistes de la Française des Jeux. Cela donne une crédibilité à l’association dans le cyclisme, en plus du foot. Maintenant, nous sommes à Toulouse donc j’imagine que ce n’est pas compliqué de parler à des femmes de joueurs de rugby et de handballeurs.

Il y a tout de même des différences entre l’épouse d’un joueur de Manchester City, par exemple, et celle d’un joueur de National…

Ce ne sont pas forcément les mêmes conditions économiques mais il y a des similitudes. Il s’agit souvent de femmes âgées de 30 ans environ, avec des enfants et habituées à des déménagements fréquents. La solitude existe que vous soyiez multimilliardaire ou que vous touchiez le Smic. Le but, c’est de se regarder avec un autre point de vue et de pouvoir échanger.