CYCLISMETour de France 2013: Les spécialistes de la descente au secours de Thibaut Pinot

Tour de France 2013: Les spécialistes de la descente au secours de Thibaut Pinot

CYCLISMEPour aider le Français à vaincre sa phobie de la vitesse...
Propos recueillis par R.S.

Propos recueillis par R.S.

Qu’ils pratiquent le bobsleigh, la moto ou le ski, tous ont connu un jour la peur de la vitesse. Mais pour se hisser au meilleur niveau, ils ont appris à apprivoiser ce qui peut s’apparenter à une phobie. Thibaut Pinot, en perdition dans les deux premières étapes de montagne, reconnaît qu’il est tétanisé dès qu’il prend de la vitesse et emprunte des descentes. Pour l’aider, Bruno Mingeon, Arnaud Vincent ou David Poisson ont tous une petite idée…

Bruno Mingeon (bobsleigh) champion du monde en 1999. «Nous, on effectue beaucoup de reconnaissances. On doit faire preuve d’une grande concentration. On connaît par cœur les descentes. Pour un coureur c’est plus compliqué, mais ça aide en imagerie d’apprendre quelle épingle est difficile, où on doit ralentir. C’est une reconnaissance au quotidien. Nous, ça nous permet d’être dans l’anticipation et de ne pas avoir le temps de réfléchir à la vitesse. Mais nos descentes ne font qu’1,5km. Il faut qu’il évite d’être surpris et qu’il sache exactement ce qu’il va se passer. Parfois, on se focalise sur le danger. Moi, j’y pensais au début et à la fin de ma carrière. Au début, on a un peu peur, on se dit que ça craint. Puis ça va mieux. Et avec l’âge, on se rend compte des risques. On se demande si ça vaut le coup. Donc comme il est jeune, c’est bon signe pour lui. En début de carrière, c’est normal d’avoir une phobie. Moi, j’ai traîné trois ou quatre ans la phobie des chutes. Elle a diminué petit à petit. Avoir peur, ça veut aussi dire qu’on n’est pas inconscient.»

David Poisson, (ski alpin) médaillé de bronze aux championnats du monde 2013: «C’est compliqué parce que la descente, ou tu le sens bien, ou tu le sens pas. Il doit prendre confiance et c’est le plus dur. Ça peut ne jamais arriver. Je lui conseille de faire beaucoup de descentes. Normalement plus on en fait, plus ça passe. C’est mon conseil. Après une chute ou un passage un peu délicat, on peut se faire peur. Moi les premières années je me suis pris des boîtes, je n’avais pas envie d’y retourner. Je me suis fait violence. Il faut savoir que tout le monde a peur. Normalement, il doit se dire qu’il sait le faire. Il aura peut-être un déclic. Tu ne sais pas quand ça arrive. J’aurais bien une technique, mais il ne faut peut-être pas lui donner: c’est de prendre un maximum de boîtes sans se faire mal et dédramatiser la chute. Mais ce n’est pas génial…»

Arnaud Vincent (moto), champion du monde en 125cm3 en 2003: «Il pourrait faire de la moto pour s’habituer à la vitesse. L’idéal, c’est d’y être confronté régulièrement. Il faut qu’il axe son entraînement dans cette direction. C’est dommage d’être performant dans les montées et pas dans les descentes. Plus on se place dans l’optique de rouler vite, moins on se rend compte de la vitesse. Avant quand je roulais à 150km/h, je n’avais aucune sensation de vitesse. Maintenant, je la ressens. Au bout d’un moment, ça devient quelque chose de normal, naturel. Je n’ai jamais eu peur d’aller trop vite, mais la vitesse me procure une certaine peur que je vaincs. C’est l’adrénaline qu’on recherche.»