Hécatombe à Wimbledon: Jouer sur gazon est-il trop dangereux?
TENNIS•La journée de mardi a vu sept abandons à Londres...Julien Laloye
Au rythme où les walk-overs s’accumulent, ça va se terminer avec un duel Paire-Mannarino pour une place en quarts de finale à Londres. A moins que Kenny de Schepper ou Dustin Brown ne les devancent. Après une entame déjà prometteuse – trois retraits -, Wimbledon a fait encore mieux mercredi, avec sept abandons ou retraits. Dans le lot, un ou deux plus bêtes que les autres, comme celui de Steve Darcis, obligé «de prendre la décision la plus difficile de sa carrière» à cause d’une épaule en friche après un plongeon mal maîtrisé lors de son exploit face à Nadal au premier tour.
«L’appui est beaucoup plus instable sur gazon»
Mais la plupart ont obéi au même schéma. Echange de fond de court, reprise d’appui, glissade et torsion du genou. Une séquence qui a eu raison de Victoria Azarenka ou de Jo-Wilfried Tsonga, dont le tendon tirait depuis quelques jours. «C’est le problème du gazon. L’appui est beaucoup plus instable et il faut anticiper très rapidement, explique Jérôme Bianchi, kiné de la Fédération. Dés qu’il y a un contre-pied, on essaie de repartir et là le pied glisse, et le genou se retrouve en porte-à faux. D’autant plus si la surface est humide.» Imaginez le carnage s’il avait plu sur Londres depuis le début du tournoi. Azarenka, 2e joueuse mondiale, ne s’est d’ailleurs pas privée de remettre en cause l’état des courts: «Mon adversaire est tombée deux fois, je me suis blessée et d'autres sont tombés ensuite également. Je n'accuse personne, mais peut-être devraient-ils jeter un oeil là-dessus dans le futur.»
«Les joueurs sortent de six mois à fond»
Benneteau a aussi failli y laisser un ligament contre Verdasco. Mais Le Français a préféré pointer «le manque de temps de préparation des joueurs» pour dompter le gazon au micro de Canal +. Deux semaines en tout et pour tout depuis la fin de Roland-Garros. L’herbe n’est pourtant pas si traumatisante que ça selon Bianchi, à part pour ceux qui ont les tendons fragiles, comme Nadal. «A Wimbledon, on est obligé de se baisser plus qu’ailleurs, mais le dur est tout aussi traumatisant pour les articulations. C’est un problème d’ensemble. Aujourd’hui il y a une telle densité sur le circuit et tellement de tournois où le règlement impose d’être présent… Les joueurs sortent de six mois à fond, à force de tirer sur la corde ça casse». C’est le cas de Tsonga, déjà 41 matchs au compteur cette saison. Et la tendance ne devrait pas s’améliorer d’ici l’US Open. Le tournoi américain détient toujours le record d’abandons sur un Grand Chelem: 17, il y a deux ans. Wimbledon a donc un peu de marge.