Dans son placard, Nicolas Godemèche possède un petit trésor qu’il ne revendrait pour rien en monde en ces temps de crise. Un maillot floqué du nom de Falcao, époque FC Porto. «Je n’avais pas vraiment calculé. Il était dans ma zone à la fin du match et on l’a échangé», se souvient l’ancien joueur de Naval, aujourd’hui exilé en Roumanie. Il y a quatre ans, l’attaquant colombien n’était pas encore une star prête à signer à Monaco pour 60 millions d’euros. Mais déjà un joueur capable de donner des vertiges aux meilleures défenses européennes.

«On voit en lui un buteur, mais c’est aussi un joueur très important dans le jeu, capable de jouer de dos. Là où il est impressionnant c’est à l’approche de la surface. C’est tout le temps cadré», poursuit le joueur français, qui n’a pas vraiment été surpris de voir le joueur enquiller les buts à l’Atlético (70 en 90 matchs). En tant qu’ancien gardien de Naval, Romain Salin a lui aussi observé le phénomène aux premières loges.

Grand prince

«C’est quelqu’un qui suivait toutes les frappes de balle jusqu’au bout. En renard, il venait devant moi attendre la petite erreur de main. Il touchait le ballon de la tête juste pour dire: si tu la lâches, mon coco, je suis là.» Dans ses déplacements et son jeu sans ballon, le gardien français compare le musculeux colombien à Pauleta. Un joueur qui masquait ses appels et brouillait les pistes de ses adversaires directs. Un joueur qui savait aussi toujours garder ses nerfs. «Falcao aurait pu l’avoir mauvaise en jouant avec Hulk qui était très individualiste. Mais il n’a jamais dit que ce soit. Il restait dans son match», poursuit Salin.

Dans un groupe, le joueur sait même se montrer grand seigneur. Il y a quelques années à Porto, c’est lui qui avait fait le forcing auprès des dirigeants pour que l’ensemble du groupe touche la prime de victoire en Ligue Europa. L’histoire veut qu’il ait mis sa prolongation de contrat dans la balance. Quoi qu’il en soit, le Colombien partage beaucoup moins quand il s’agit de soigner ses stats dans la surface.

«Quand il a une opportunité, il ne la rate pas, enchaîne Salin. Il sait mettre la balle dans les coins, au ras du poteau.» Avec lui, les ailiers se demandent rarement s’il y a quelqu’un dans la surface. Sa tête ou son pied droit traînent constamment par là. Sauf si les ballons n’arrivent vraiment pas. Le Rennais Romain Danzé se souvient d’un match où Falcao n’avait pas existé, il y a deux ans en Ligue Europa. Les Bretons avaient isolé le buteur en privant tous ses partenaires de ballons au milieu. Un secteur de jeu que l’AS Monaco a tout intérêt à renforcer avant d’attaquer sa saison.