Droits télé: Vers la fin du sport gratuit sur les écrans français?

Droits télé: Vers la fin du sport gratuit sur les écrans français?

SPORTS – Après la Formule 1, c’est Roland-Garros qui basculera peut être sur une chaine payante dans les mois qui viennent…
Antoine Maes

Antoine Maes

Si vous êtes un grand consommateur de sport à la télé, vous savez déjà que suivre la Ligue 1 ou la Ligue des champions est payant. Dans un avenir proche, d’autres compétitions pourraient être touchées. Dans le cadre de mesures d’économie, France Télévisions envisage d’ailleurs de renoncer à la diffusion de Roland-Garros. Si une liste d’événements protégés existe, elle ne couvre pas toute l’offre. Pas de panique, selon Virgile Caillet, le directeur de l’agence KantarSport, cabinet d’étude spécialisé dans le sport.

Faudra-t-il payer pour tout? Non, certainement pas – «La masse du sport va vers des chaines payantes, mais en revanche les événements patrimoniaux majeurs, comme les Jeux Olympiques, qui sont susceptibles d’intéresser le grand public, resteront sur les chaines gratuites. D’une part parce que c’est l’intérêt des organisateurs qui ont besoin d’avoir une exposition majeure. D’autre part, c’est l’intérêt des principaux partenaires, qui ont besoin d’être confrontés à une audience maximale.»

Des événements vont-ils basculer en payant? Oui, c’est probable – «Sur une Coupe du monde de rugby, ou de foot, ou un Euro, on peut imaginer qu’on ne garde que les matchs de l’équipe de France et la finale, et on va sous-licencier des matchs destinés à des fans de sport, qui eux sont plus enclin à aller vers les chaînes payantes. Roland-Garros? Pas sûr car l’événement surperforme en termes d’audience. Si la moyenne est à 14 et que grâce à Roland vous passez à 18, à la fin de l’année, cela a une influence concrète sur la facturation des spots.»

Faut-il légiférer? Non, il n’y a pas de besoin – «Le marché est en train de se mettre en place, de se réguler. Aujourd’hui, les chaines historiques en clair ont une telle pression de l’audimat qu’elles ne peuvent plus se permettre de prendre des risques sur des compétitions sportives. Elles doivent ratisser large, cela veut dire diffuser les événements ou les sports les plus fédérateurs possibles. Et là on retombe sur la fameuse liste des évènements protégés.»

Est-ce que c’est «pire» à l’étranger? Non, de moins en moins – «Il y a encore un ou deux ans, on était un des derniers pays à avoir une offre aussi simple. C’est logique qu’elle soit morcelée aujourd’hui. C’est le cas dans les autres pays. Mais il y a encore pas mal de sport à la télévision. C’est vrai que la Formule 1 qui passe de TF1 à Canal +, ça a été un coup un peu surprenant. Mais les évènements de flux, ceux dans la durée, c’est complètement logique qu’ils soient sur des chaines payantes: c’est dans leur modèle économique.»