Paul Pogba, du city-stade de Roissy-en-Brie au Stade de France
PORTRAIT – Le jeune footballeur, milieu de terrain de la Juventus a grandi en Seine-et-Marne...Romain Baheux
Oui, on peut demander à Paul Pogba de quitter un club, sans aucune contrepartie, pour un problème de niveau. De trop bon niveau, en l’occurrence. Sélectionné pour la première fois chez les Bleus par Didier Deschamps pour affronter la Géorgie et l’Espagne en match de qualification pour le Mondial 2014, le milieu de terrain de la Juventus Turin, 20 ans, est à classer dans la catégorie des prodiges précoces. «En 2006, il n’avait déjà plus rien à faire chez nous, se souvient Sambou Tati, l’un de ses éducateurs à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), son premier club et la ville de résidence de ses parents. Je lui ai conseillé de partir dans un meilleur club, des éducateurs de Roissy m’en ont voulu pour ça.»
«Son idole, c’était Ronaldinho»
A l’époque, l’adolescent attire déjà les convoitises. Le Havre, son futur club (2007-2009), le suit déjà et va bientôt être concurrencé par Monaco et le PSG. «Il avait de très grosses qualités innées, raconte Stéphane Albe, son entraîneur chez les jeunes à Torcy (Seine-et-Marne), où il ne restera qu’une saison avant de partir au Havre. Je le faisais déjà jouer au milieu. Il avait une bonne frappe de balle et se projetait vers l’avant.» Une capacité qui lui vaut d’être régulièrement comparé à Patrick Vieira. «Lui son idole à l’époque, c’était Ronaldinho, évoque Tati. Il tentait toujours de faire le même dribble que lui sur le terrain. A la mi-temps, je lui disais qu’il n’était pas plus fort que les autres et qu’il devait arrêter de se prendre pour Ronaldinho. Il pleurait et il rentrait sur la pelouse métamorphosé.»
Poussé par ses frères aînés Florentin et Mathias, aujourd’hui footballeurs à Sedan et à Crewe Alexandra (Angleterre), Paul s’aguerrit sur le city-stade de son quartier de Roissy-en-Brie. «Il y était matin, midi et soir, il n’avait pas peur d’aller au contact», poursuit Sambou Tati. Le garçon s’endurcit et développe une intelligence footballistique qui va lui valoir d’attirer l’attention d’Alex Ferguson et de partir à Manchester United à 16 ans. Il y restera trois ans avant de rallier Turin. «Quand je le ramenais chez lui en voiture, on revenait sur le match du week-end, décrit Stéphane Albe. Il avait une bonne analyse de ses prestations et de celles de l’équipe.» Désormais, il les fait partager à Antonio Conte, son entraîneur en Italie, et à Didier Deschamps.