Coupe du monde: Que peut espérer Lindsey Vonn contre les hommes?
SKI•La descendeuse américaine souhaite tenter sa chance à Lake Louise...Romain Scotto
A l'inverse de l’équitation, du sport automobile ou de la voile, le ski n’est pas encore un sport mixte. Cela n’effraie pourtant pas Lindsey Vonn qui a récemment demandé une dérogation à la fédération internationale pour disputer la descente masculine du 24 novembre à Lake Louise, au Canada. Sur son continent et devant ses partenaires, l’initiative ressemble fortement à un coup de pub organisé. Mais si la FIS lui donne son accord, il n’est pas dit que la championne olympique prenne le départ la fleur au fusil. «C’est dans son caractère, c’est son côté américain. Elle a envie de se frotter aux plus forts», observe Ingrid Jacquemod toute jeune retraitée qui la voit bien tourner «autour des 30.»
Du côté des hommes, en revanche, personne ne donne la moindre chance à la grande blonde de finir dans les points. Johan Clarey, le meilleur descendeur français est persuadé que Vonn «ne se rend pas compte de l’écart de niveau entre les filles et les garçons en vitesse.» Chez les hommes, l’Américaine qui skie déjà avec du matériel masculin, découvrira des courses de 2 minutes (contre 1’40 en moyenne pour les filles), une autre qualité de neige, beaucoup plus «glace», et quelques bosses, en général rabotées chez les femmes. Résultat, «accrocher une place dans les 30 est impossible», assure Clarey, même si elle a choisi la piste de Lake Louise, considérée comme la piste la plus facile du circuit.
«Elle peut même nous battre, je suis ouvert»
Sur le fond, l’idée amuse pourtant certains, dont David Poisson, un autre descendeur français. «Je suis plutôt pour. Elle peut même nous battre, je suis ouvert. Un bon coup de pied au cul, ça ne peut pas faire de mal. Mais il faut savoir dans quelles conditions elle s’alignera.» Disputera-t-elle des qualifications dans son pays pour gagner sa place dans le portillon? Ou prendra-t-elle juste un dossard généreusement attribué par la FIS? Se pose aussi la question du rapport à ses adversaires. Défier les hommes est une façon de dire qu’elle s’ennuie chez les femmes. «Mais en même temps, elle nous domine complètement», s’incline Marie Marchand-Arvier qui ne s’est pas sentie vexée par la demande. Peut-être parce que celle-ci a peu de chances d’aboutir. En courant avec les hommes une semaine avant les épreuves féminines à Lake Louise, Vonn contreviendrait au règlement de la FIS qui interdit tout entrainement sur la piste cinq jours avant la course. Comme si l’Américaine avait besoin d’un coup de pouce pour être encore plus dominatrice chez les filles.