F1: Romain Grosjean est-il un fou du volant?
FORMULE 1•Le pilote français agace le paddock par ses prises de risques dès le premier tour des Grands Prix...Romain Scotto
En F1 comme dans une cour d’école, on ne choisit pas toujours ses surnoms. Depuis quelques semaines, Romain Grosjean n’est plus seulement «le petit Frenchy qui monte.» C’est aussi «le taré du premier tour», comme l’a affublé Mark Webber qui a eu la mauvaise idée de prendre le départ tout près du pilote Lotus, dimanche à Suzuka. Quelques virages plus loin, l’Australien s’est retrouvé dans le décor, poussé par la monoplace de Grosjean qui n’a pas fait grand-chose pour soigner sa réputation. Au total, le Français totalise sept accrochages depuis le début de saison, a forcé trois adversaires à repasser au stand, en a contraint deux à l’abandon et a déjà écopé d’un Grand Prix de suspension.
Un «casier» un peu lourd pour un jeune loup, mais qui n’en fait pas pour autant «un pilote dangereux», clame Franck Montagny, l’ancien pilote Toyota. «C’est un jeune talentueux au tempérament agressif.» Le Français a la chance d’être rapide avec sa Lotus, mais il lui manque l’expérience pour la maîtriser quand il se trouve dans la meute. «C‘est un pilote qui a un problème, clairement. Il va vite, mais fait des touchettes avec les cadors parce qu’il lui manque des bornes en F1.»
Un problème mental pour Panis
Eric Boullier, le directeur de l’écurie ne dit pas le contraire et reconnaît la nouvelle faute de son pilote. Après l’accident avec Hamilton à Spa, il lui avait déjà demandé de lever un peu le pied après les départs. Mais il n’est pas facile de canaliser «un rookie qui se trouve au milieu des tops 4 et qui fait des erreurs de jugement», indique le boss de Lotus sur RMC. Pour Olivier Panis, cela se travaille et le retour au calme passe par une préparation mentale plus importante. «Le départ, c’est le moment le plus chaud, il faut anticiper. Je crois que Romain n’a pas assez anticipé. C’est un problème dans la tête. Il a une vraie remise en question à faire.»
Se calmer pour éviter les constats à répétition, c’est aussi la solution proposée par Montagny qui balaye le concept de «pilote dangereux» à ce niveau. Même si certains sont «difficiles à lire», comme l’Indien Karthikeyan (24e au classement, six abandons) personne n’est à classer dans la catégorie des fous du volant. «Un pilote dangereux serait quelqu’un qui va planter les freins en pleine ligne droite très fort.» Sans raison apparente. Ce jour-là, Mark Webber ne se contentera pas d’invectiver et menacer Grosjean.