Réforme des retraitesLes femmes dans la rue pour défendre leurs retraites

Grève du 7 mars : Les femmes se mobilisent face à « l’impact catastrophique » de la réforme sur leur situation

Réforme des retraitesPour la sixième journée de manifestation contre la réforme des retraites, et à la veille de la journée internationale du droit des femmes, cadres, aides-soignantes, étudiantes et retraités ont clamé mardi leur opposition à la réforme dans les cortèges
Grève du 7 mars : On a demandé aux femmes pourquoi elles se mobilisaient contre la réforme des retraites
Octave Odola avec les bureaux région de 20 Minutes

Octave Odola avec les bureaux région de 20 Minutes

L'essentiel

  • En janvier, le gouvernement a avoué que les femmes allaient être « un peu plus impactées » que les hommes par le projet de réforme des retraites.
  • Carrières hachées, temps partiel, pénibilité, et à la fin, petites pensions. Les femmes sont notamment surreprésentées parmi les seniors touchant les pensions les moins élevées.
  • A Paris, Nice, Strasbourg, Toulouse, Marseille et Nantes, nos journalistes ont recueilli des témoignages de femmes, en lutte contre le projet de réforme des retraites, discuté en ce moment même au Sénat.

Petite phrase, grandes conséquences. Il y a un peu plus d’un mois, Franck Riester, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, a admis que les femmes allaient être « un peu plus impactées » par le projet de réforme des retraites, débattu en ce moment au Sénat.

Alors, bien sûr, les femmes n’avaient pas attendu cet aveu de l’exécutif pour manifester contre les disparités provoquées par cette réforme. Mais, en ce sixième jour de mobilisation nationale, et à la veille de la journée internationale du droit des femmes, leur protestation a résonné avec encore plus de vigueur dans les rues du pays. Retraitées, aides-soignantes, cadres, étudiantes… Récit d’un tour de France de la contestation, au cœur des cortèges.

« La précarité en France, ça rime avec féminin ». Malgré sa pancarte « Rage against the macronist », on prend peu de risques en vous disant qu’Annie, 50 ans, ne fera pas carrière dans la chanson. Mais l’enjeu est ailleurs. Depuis le début de la grogne, cette juriste à Pôle emploi n’a pas loupé une manifestation. Avec Doriane, sa fille institutrice de 26 ans, leur message a synthétisé la grogne des femmes.

Plus en amont du cortège parisien, boulevard Raspail, Isabelle n’a pas croisé les deux manifestantes. Mais son témoignage fait écho au message de la mère et la fille. « Nous, les femmes, on a le droit aux carrières hachées. Je suis aide-soignante en Ehpad, j’ai 54 ans, la pénibilité de mon job n’est pas reconnue. Je travaille de nuit, de 21 heures à 7 heures du matin, vous croyez vraiment que je vais pouvoir travailler jusqu’à 64 ans », désespère cette femme de 54 ans originaire de l’Orne, venue manifester pour la première fois depuis le début de la « séquence » retraites.

« Je me bats pour mes deux filles… Et ça me rend malade »

700 kilomètres plus au sud, à Toulouse, sous la pluie, Céline, entourée de ses collègues Cathy et Valérie, abonde. « Les temps partiels imposés sont surtout tenus par des femmes et cette réforme à un impact catastrophique sur ces gens-là qui vont avoir des carrières hachées, incomplètes », détaille cette cadre de Thalès, qui s’estime personnellement « bien lotie » mais veut mener un « combat collectif ».


La précarité, Marina connaît. Opératrice dans une usine depuis plus de 30 ans, l’Antiboise de 62 ans est contrainte de continuer à aller bosser, pour faire grossir « sa petite pension ». « Je me bats pour mes deux filles qui ne pourront être à taux plein que lorsqu’elles auront 68 ans, malgré des métiers pénibles, dans l’industrie de la chimie. Elles ne pourront pas profiter de leur retraite. Et ça me rend malade », témoigne la sexagénaire au milieu des 6.000 manifestants niçois (selon la police).

« Cette réforme est une aberration »

Parmi ces bénéficiaires d’une faible pension, les femmes sont surreprésentées. Selon une étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), 44 % des femmes de la génération 1950 sont ainsi parties à la retraite avec une carrière incomplète, contre 32 % chez les hommes. Car elles occupent plus souvent des postes à temps partiel et s’interrompent parfois plusieurs années pour élever leurs enfants, comme le rappelait notre appel à témoins sur la question.

Ce constat, brut, a poussé Noa, une étudiante lyonnaise de 24 ans, dans la rue. « Cette réforme est une aberration. Ma lutte se porte pour les femmes, par solidarité pour celles qui ont un métier physique ou celle qui doivent s’occuper d’un membre de leur famille et qui vont subir de plein fouet la réforme des retraites », précise la jeune femme.


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A Nantes, même génération, et même préoccupation pour Aliénor, 27 ans, qui manifeste pour la première fois. « Elles sont plus susceptibles d’arrêter de travailler pour élever leurs enfants donc elles sont encore plus touchées par la réforme », appuie la Vendéenne.

Le report de l’âge légal de départ, à 64 ans, à l’horizon 2030, devrait aussi pénaliser les mères de famille. Au titre de leur maternité, elles bénéficient de trimestres supplémentaires validées. Mais cette modalité ne leur permettra pas d’anticiper un départ avant l’âge légal. Certaines manifestantes, comme l’étudiante lyonnaise Noa, avouent manifester « sans trop d’espoir que la mobilisation serve à quelque chose ». D’autres, comme Nathalie, à Strasbourg, gardent l’espoir « de faire bouger » les lignes en battant le pavé, avec la volonté de tendre vers l’égalité homme femme.

Sur le sujet, pas sûr que l’espoir vienne des Nations Unies, qui annoncent un objectif atteint… Au mieux dans 300 ans. Une raison toute trouvée pour emboîter le pas de Valérie, manifestante lyonnaise. « Rendez-vous demain (mercredi 8 mars, journée internationale du droit de la femme) pour la continuité de la lutte et la grève féministe. »