Réforme de retraites : Le texte arrive au Sénat, où la droite veut porter ses amendements
Navette•Le texte est d’abord discuté en commission avant d’être débattu au palais du Luxembourg20 Minutes avec AFP
A une semaine de la prochaine grande journée de mobilisation la réforme des retraites poursuit son chemin et fait son entrée au Sénat. Si ce n’est pas au palais du Luxembourg que le texte risque d’être mis en échec, la majorité de droite, favorable à un report de l’âge de départ à 64 ans, entend bien peser sur le texte en améliorant les pensions des femmes ou en encourageant l’emploi des seniors.
Privé d’un vote de l’Assemblée nationale par l’obstruction des députés de La France insoumise, l’exécutif table sur le Sénat pour conférer une légitimité démocratique à une réforme dont deux-tiers des Français (66 %) ne veulent pas, d’après un sondage Odoxa. Le mouvement du 7 mars s’annonce très suivi et l’ensemble des syndicats de la SNCF appellent à une grève reconductible à partir de cette date.
Borne tend la main à LR
En attendant, le Sénat, réputé pour son climat feutré qui pourrait trancher avec les vives tensions qu’a connu l’Assemblée, démarre donc ce mardi à partir de 14h30 l’examen du texte à huis clos, en commission. Les sénateurs se retrouveront ensuite jeudi pour le coup d’envoi des débats. L’exécutif a multiplié ces derniers jours les gestes d’ouverture à l’égard de la majorité sénatoriale. « Je souhaite que le Sénat puisse enrichir » le texte, a déclaré samedi Emmanuel Macron dans les travées du Salon de l’agriculture.
« On va écouter les propositions du Sénat et trouver un chemin ensemble », a abondé lundi Élisabeth Borne. La cheffe du gouvernement se dit prête, ce mardi dans le magazine Elle, à étudier « des bonifications » salariales pour les femmes « avant le troisième enfant », une nouvelle main tendue aux Républicains. La politique familiale est un des enjeux du vote LR. Dans un entretien donné lundi à l’AFP, le président des sénateurs du groupe, Bruno Retailleau, propose notamment « une surcote de 5 % » pour les mères de famille qui auraient une carrière complète.
Un CDI spécial séniors
Et si la droite sénatoriale appelle de ses vœux cette réforme depuis des années, Les Républicains restent secoués par les critiques de leur ancien numéro 2, Aurélien Pradié, lequel accuse ce mardi sur France Inter le parti d’être « un complice du gouvernement ». C’est sur le texte du gouvernement justement, à peine modifié par l’Assemblée, que va plancher la commission des Affaires sociales du Sénat, sous la houlette de sa rapporteure générale Élisabeth Doineau, centriste Macron-compatible, et du rapporteur de la branche Vieillesse René-Paul Savary, le « monsieur Retraite » du groupe LR.
LR et centristes reconnaissent des « différences » entre eux sur certains sujets, comme les carrières longues ou les régimes spéciaux de retraite, mais sont confiants dans leur capacité à « les surmonter ».
Outre un aménagement en faveur des mères de famille, la majorité sénatoriale devrait proposer un CDI nouvelle formule pour faciliter l’embauche des seniors, afin de leur permettre d’atteindre une carrière complète. Le Sénat a « une vraie carte à jouer » par rapport à l’Assemblée nationale en se montrant comme « un contrepouvoir responsable et respectueux des sensibilités », souligne-t-on du côté du Petit Luxembourg. Et si l’opposition de gauche, forte d’une centaine de sénateurs, entend jouer son rôle, « nous souhaitons que les 20 articles de la loi soient traités », a affirmé le chef de file socialiste Patrick Kanner dans une interview aux Echos dimanche.
À lire aussi