Non, l’oxymore n’est ni une molécule chimique ni une épellation hasardeuse d’« occis-mort », mais une figure de style, c’est-à-dire un procédé d’écriture qui consiste, pour un auteur, à singulariser son expression. Et pour cela, rien de tel qu’un bon vieil oxymore…

Du coup, c’est quoi un oxymore ?

Selon le CNRTL, le mot descend du grec « oxumôron », composé d’« oxus » (aigu, fin, effilé) et « môros » (épais, sot, émoussé). Au premier abord, cette étymologie ne nous dit rien sur le sens du terme : que pourrait bien signifier « fin-épais » ou « effilé-émoussé » ? Eh bien, précisément, l’oxymore consiste en l’emploi successif de deux mots apparemment contradictoires : c’est une tournure par essence paradoxale.

Une figure de style plus utile qu’il n’y paraît

Dire quelque chose et son contraire, n’est-ce pas une forme de masturbation intellectuelle ou, pire, une façon d’écrire du vent pour « faire joli » ? Pas nécessairement : en poésie comme au quotidien, l’oxymore permet d’exprimer les ambiguïtés ou les contradictions qui nous habitent tous. C’est aussi une manière de mettre en mot la complexité d’une réalité souvent riche en paradoxes.

Quelques exemples

Et comme rien ne vaut un exemple, en voici quelques-uns tirés de la littérature, mais aussi du langage de tous les jours :

• un silence assourdissant ;
• une obscure clarté ;
• des fous normaux ;
• un soleil noir ;
• un bordel organisé ;
• un nouveau classique ;
• un illustre inconnu ;
• une belle horreur.