Quelle est l’origine du mot « kiffer » ?
Français•Kiffer signifie aimer, ce n’est un secret pour personne, mais d’où vient ce verbe qui fait rêver ? Retour sur nos jouissances passées et présentesFrédéric Henry pour 20 Minutes
L'essentiel
- «Kiffer » vient de l’arabe « kif ».
- Ce mot désigne le plaisir et l’amusement.
- Il est de longue date associé au cannabis.
C’est comme si le phonème « kif » suffisait, à lui seul, à éveiller les zones de plaisir de nos cerveaux. En l’espace de quelques générations, « kiffer » s’est imposé comme un synonyme incontournable du verbe « aimer », mais d’où vient-il et comment s’est-il taillé une telle place dans notre argot quotidien ?
Une origine orientale
Le verbe « kiffer » est dérivé du nom « kif » (ou « kief » ou « kaif »). En arabe, ce mot est synonyme de plaisir ou d’amusement. Et comme tous les plaisirs ne sont pas innocents, le terme a très vite été associé à l’alcool et au cannabis. Lorsqu’il intègre la langue de Molière, c’est en référence à ces substances et aux sensations qu’elles induisent.
Une implantation orientaliste
Si le mot « kaif » est attesté dès 1670, c’est surtout à partir du XIXe siècle, lorsque les artistes français se piquent d’intérêt pour le monde arabo-perse, qu’il fait son chemin dans la littérature. Orthographié d’une manière ou d’une autre, on retrouve le « kif » chez Charles Baudelaire, les frères Goncourt, Guillaume Apollinaire, Pierre Benoît…
Une réintroduction inattendue
L’orientalisme étant passé de mode après la Seconde Guerre mondiale, on aurait pu en rester là avec le kif, mais le mot est en quelque sorte revenu… par la porte de derrière. Réapparu dans la « langue des cités », le terme est très vite adopté par la jeunesse en général.
Une nouvelle façon d’aimer
Il n’en fallait pas davantage pour que le terme se décline à toutes les sauces ou presque :
- « un kif » (ou, depuis peu, une « kiffance »), c’est une passion ou un hobby ;
- « un truc trop kiffant », c’est une chose très agréable ;
- « kiffer », c’est aimer ;
- « grave kiffer », c’est adorer.
Un long chemin jusqu’aux dictionnaires
Si les trois grands dictionnaires s’accordent à reconnaître l’existence du nom « kif » (quoique celui de l’Académie française, plus conservateur, renvoie à l’orthographe « kief »), le verbe « kiffer » n’est attesté que par le Larousse et le Robert. Quant à l’adjectif « kiffant », les trois ouvrages le snobent en chœur…
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